Eglises d'Asie

Incertitude sur la date du voyage de la délégation romaine au Vietnam

Publié le 18/03/2010




En décembre 1994, le gouvernement vietnamien avait demandé au Saint-Siège de reporter à une date ultérieure le voyage au Vietnam de la délégation romaine prévu pour la fin de l’année. Rome avait alors proposé une nouvelle date, le mois de mars 1995. De source autorisée on apprend qu’aux premiers jours de ce mois, il n’y avait pas encore de réponse de Hanoi. La délégation, elle, est prête à partir pour la sixième fois depuis le mois de juillet 1989, date à laquelle le cardinal Etchegaray avait inauguré ce type de négociations avec le pouvoir de Hanoi. Les représentants du Saint-Siège seront les mêmes que la dernière fois, à savoir Mgr Claudio Celli, secrétaire d’Etat aux affaires étrangères et Mgr Barnabé Nguyên Van Phuong de la Propagation de la Foi (12). Ils devraient reprendre leurs entretiens avec les autorités vietnamiennes au point où ils les avaient laissés lors de la dernière rencontre du mois de mars 1994.

Les sujets qui feront l’objet des discussions sont bien connus. On parlera de nominations d’évêques et d’un certain nombre d’autres questions qui font problème dans les rapports de l’Eglise et de l’Etat. La plus préoccupante reste sans nul doute celle du diocèse de Hô Chi Minh-Ville où l’administrateur apostolique nommé par le Saint-Siège, Mgr Huynh Van Nghi, ne peut pas exercer ses fonctions par la volonté des autorités vietnamiennes. Certaines allusions contenues dans de récentes déclarations officielles semblent indiquer que la position gouvernementale à ce sujet n’a guère varié. L’actuel administrateur apostolique nommé par le Saint-Siège est toujours considéré comme “persona non grata” par les responsables vietnamiens qui ont aussi fait savoir plusieurs fois qu’ils n’accepteraient comme évêque de Saigon qu’une personnalité dotée d’un profil acceptable par eux.

Depuis le récent décès de Mgr Ha Kim Danh, deux autres diocèses restent à pourvoir, Phu Cuong et Hung Hoa. Lors de la précédente visite de la délégation à Hanoi, on avait laissé entendre que le diocèse de Hung Hoa aurait rapidement un titulaire. Mgr Bui Tuân, coadjuteur de Long Xuyên avait été proposé par le Saint-Siège. Mais après un temps de réflexion, l’Etat vietnamien avait fait connaître son opposition à cette nomination. Un certain nombre d’autres nominations épiscopales s’imposent encore, car beaucoup des 34 évêques vietnamiens en fonction aujourd’hui sont d’un âge avancé ou malades, comme Mgr Nguyen Van Binh à Hô Chi Minh-Ville, Mgr Vu Duy Nhât (84 ans) à Bui Chu, Mgr Huynh Dông Cac (très malade) à Quy Nhon. Toutes doivent être soumises à l’approbation du gouvernement vietnamien, qui appuie cette revendication sur la notion de souveraineté nationale et sur l’article 19 du décret sur les religions 69 HDBT (13). Quant au Saint-siège, ” c’est … à contre-coeur qu’il soumet le nom du candidat à la considération du gouvernement vietnamien avant la nomination par le Souverain Pontife; cette procédure ne lui fait pas plaisir, mais l’actuel état des choses ne lui laisse pratiquement pas d’autre choixcomme l’affirmait Mgr Celli dans une interview à radio Vatican, à l’issue du précédent voyage au Vietnam.

Il est probable que la délégation du Saint-Siège aura un certain nombre d’autres requêtes à présenter aux représentants du gouvernement vietnamien, de la part des évêques vietnamiens ou de son propre chef. Mgr Celli n’avait-il pas déclaré qu’“il reste un long chemin à parcourir avant de pouvoir affirmer que l’Eglise catholique au Vietnam jouit de l’entière liberté religieuse(14)