Eglises d'Asie

Ombres et lumières dans le diocèse de Thai Binh

Publié le 18/03/2010




Dans une interview accordée à Công Giao và Dân Tôc (16), l’évêque de Thai Binh, Mgr Nguyên Van Sang, a évoqué les deux plus grands obstacles auxquels se heurte la pastorale de son diocèse. Le premier d’entre eux est constitué par les difficultés rencontrées chaque fois qu’il s’agit de changer les prêtres de postes. En 1993, dans une requête envoyée au premier ministre (17), la conférence épiscopale avait réclamé pour les évêques le droit de nommer et de déplacer librement les prêtres dans leurs diocèses. Dans sa réponse, le premier ministre avait considéré que “la nomination et le changement de poste des prêtres dans les diocèse étaient déterminés par les exigences du travail dans le diocèse” mais que l’autorisation des autorités restait nécessaire (18). L’évêque de Thai Binh a fait remarquer qu’il est encore très malaisé d’arriver à une entente entre l’évêché et le gouvernement à ce sujet. Mais il peut se faire aussi que le désaccord se situe à un autre niveau, par exemple entre le pouvoir provincial et le pouvoir local, ou encore entre deux instances régionales différentes. Cet état de choses empêche les mouvements de personnel dans le diocèse, ce qui est très fâcheux pour la pastorale et rend impossible la répartition équitable des 31 prêtres en activité en fonction des besoins des 64 paroisses du diocèse regroupant 120 000 fidèles au total. Faute de pouvoir être changés, certains curés desservent depuis trente ans la même paroisse. D’autres qui pour diverses raisons se trouvent en difficulté dans leurs paroisses restent sur place en l’absence de nouvelles nominations. On trouve aussi des prêtres ayant la charge de trois ou quatre grandes chrétientés alors que d’autres n’ont qu’une seule petite paroisse à desservir.

La formation des prêtres dans le diocèse a aussi fait l’objet des doléances de l’évêque. De nombreux séminaristes du diocèse attendent depuis des dizaines d’années d’être admis dans un séminaire. Certains d’entre eux ont même atteint cinquante voire soixante ans. La politique pratiquée autrefois n’avait pas permis de les former au sacerdoce. Aujourd’hui, aussi bien le Bureau des affaires religieuses que le séminaire de Hanoi leur objectent leur âge avancé et leur refusent l’entrée du séminaire. Les jeunes candidats au sacerdoce sont aussi très nombreux, mais le nombre de ceux qui sont acceptés est limité, en partie à cause de la censure gouvernementale, en partie parce que le séminaire de Hanoi, obligé d’accueillir les séminaristes de huit diocèses, limite le nombre des candidats de chaque diocèse. Seuls quatorze étudiants de Thai Binh y ont été admis. L’évêque a appelé de ses voeux l’ouverture d’un nouveau grand séminaire au Nord Vietnam, comme l’avait déjà fait la requête de la conférence épiscopale au premier ministre, en 1993.

Mgr Sang a exalté la solidité de la foi et la ferveur de la vie religieuse de ses fidèles, évoqué les nombreuses initiatives prises dans son diocèse en matière sociale et caritative, mais il a aussi souligné la nécessité de la mise en place d’une d’une formation catéchétique au service de tous. Il souhaiterait que quelques-uns des 150 prêtres originaires de Thai Binh actuellement dans la sud soient autorisés à revenir dans la région qu’ils ont quittée lors de l’exode de 1954, pour collaborer à cette tâche avec les trente-et-un prêtres du diocèse.