Eglises d'Asie

Paksé : le gouvernement a interdit une importante célébration catholique

Publié le 18/03/2010




La mission de Phannon, à l’extrême sud du pays dans le diocèse de Paksé, a été fondée en 1895. Les autorités locales avaient autorisé la célébration du centenaire de l’église paroissiale, qui devait attirer du 23 au 26 février 1995 des milliers de catholiques pour des prières, des causeries, des danses, des pèlerinages et une messe solennelle. Trois jours avant la date, le gouvernement a retiré son autorisation pour ces manifestations, sauf pour la messe dominicale à la cathédrale de Paksé, au motif que les mouvements de population sont à éviter pendant le recensement en cours. Les catholiques thaïlandais qui avaient affrété un car pour participer aux célébrations ont pu entrer au Laos mais l’accès du village de Phannon leur a été interdit. Ils ont pu circuler librement dans toute la région sans pénétrer dans le village. Ils ont pu lire des panneaux interdisant l’entrée du village à toute personne n’y résidant pas.

Cette interdiction est sans doute à rapprocher des difficultés créées récemment par les autorités aux communautés chrétiennes établies parmi les minorités ethniques de la région de Luang Prabang (6). Elle révèle que la réforme économique en cours au Laos ne débouche pas forcément sur une libéralisation politique et sociale.

Dans ce pays que les prêtres des Missions étrangères de Paris ont commencé d’évangéliser aux 18e et 19e siècles, les catholiques comme les autres communautés religieuses ont subi la persécution à l’arrivée au pouvoir des communistes en 1975. Bien que la constitution affirme la liberté de religion, le gouvernement a fermé leurs écoles, exproprié les églises et les temples dont certains ont été convertis en entrepôts et en étables à bestiaux. Les missionnaires étrangers ont été expulsés, des prêtres du pays, envoyés dans des camp de rééducation par le travail, des évêques, emprisonnés.

En 1991, après la chute du régime soviétique, le Laos lança une série de réformes économiques, mais sans faire de changement politique. Des églises furent rouvertes ou construites et l’Eglise du Laos put entretenir des relations avec les autres communautés ecclésiales, en particulier avec les prêtres et les fidèles de la Thaïlande voisine.

Cette ouverture a permis le démarrage de projets de développement auprès des minorités ethniques. Le gouvernement a accepté la construction d’un petit hôpital pour les lépreux et les tuberculeux. L’établissement qui a coûté soixante mille dollars américains a bénéficié d’une aide du Vatican et des missionnaires camilliens italiens. Inauguré le 21 février 1995 à Kut Sambath, à trente-et-un kilomètres de la capitale Vientiane, il dispose de seize lits et d’équipements pour une clinique de jour. Les camilliens sont le premier groupe de religieux étrangers autorisé à venir au Laos depuis l’expulsion des missionnaires étrangers en 1976.

Mais il reste beaucoup de régions du Laos où le vent nouveau de la réforme n’a pas encore soufflé : à Luang Prabang, Savannakhet, Paksé, les gens n’ont pas le droit de recevoir le baptême et les catéchistes chargés d’instruire les communautés ne sont pas autorisés à aller dans les villages. Cela rend difficile la croissance de la communauté chrétienne. Il y a environ trente mille catholiques au Laos, qui représentent environ 0,5 pour cent de la population.