Eglises d'Asie

Un évêque catholique du Kerala se met à la tête de ses diocésains dans leur lutte pour la justice

Publié le 18/03/2010




Mgr George Valiamattam, évêque du diocèse syro-malabar de Tellicherry, au Kerala, a, le 29 janvier 1995, fait lire dans toutes les églises de son diocèse une lettre pastorale déclarant 1995, “année des cultivateurs”. Il s’est mis à la tête de ses diocésains pour obtenir du gouvernement provincial une reconnaissance de leurs droits à la terre qu’ils cultivent et une plus grande justice dans la vente de leurs produits.

Le diocèse syro-malabar de Tellicherry s’étend sur deux districts au nord du Kerala, Kannur et Kasargodu, ainsi que sur le district de Mysore dans l’Etat voisin du Karnataka. Les catholiques du district de Kannur ont immigré dans cette région il y a une cinquantaine d’années, venus de la partie centrale du Kerala. Dès leur arrivée, ils s’étaient mis à défricher la forêt pour s’adonner à l’agrictulture. Malgré des promesses renouvelées, le gouvernement ne leur a toujours pas donné les titres des terres qu’ils cultivent, il menace même d’expulsion certains d’entre eux. Les fermiers vivent dans une crainte permanente. “Seule une action commune ouvrira les yeux du gouvernement. Les gens ne permettront pas une seule expulsion de la région”, dit Mgr Valiamattam dans sa lettre pastorale. Au cours du mois de février 1995, il a par ailleurs provoqué trois réunions des cultivateurs de la région de Kannur, afin d’expliquer leurs droits à ses diocésains. En décembre 1994, il avait déjà rassemblé les hommes politiques chrétiens pour discuter avec eux de l’affaire. A l’époque, le gouvernement avait été obligé de retarder ses plans d’expulsion de plusieurs fermiers.

Les craintes des paysans sont aggravées par le fait que leurs produits se vendent de moins en moins cher, en particulier les noix de cajou. La moitié de la production totale de l’Inde vient de cette région de Kannur. Selon une loi promulguée dans l’Etat en 1981, les cultivateurs sont obligés de vendre leur récolte au gouvernement qui fixe lui-même les prix. Ils ne peuvent vendre directement qu’un maximum de cinquante kilos de noix de cajou. Mais le prix sur le marché libre est de 12,5% supérieur à ce que donne le gouvernement. De plus, même après tant d’années, les autorités n’ont pas établi l’infra-structure nécessaire à une commercialisation normale des produits de la terre.