Eglises d'Asie

Gujarat : la victoire électorale des hindouistes du BJP dans le Gujarat n’inquiète pas trop les minorités religieuses

Publié le 18/03/2010




“Nous n’avons pas peur et nous espérons que tout le monde sera traité également. Notre travail est apprécié par tout le monde au-delà des appartenances religieuses ou de castea déclaré Mgr Stanislaus Fernandes, évêque d’Ahmedabad dans l’Etat du Gujarat, à l’annonce de la victoire du Bharatiya Janata Party (BJP) dans son Etat. Dans l’Etat voisin du Maharashtra, dont la capitale est Bombay, c’est le Shiv Sena, allié au BJP, qui a gagné les élections du mois dernier. Le BJP et le Shiv Sena sont considérés comme des partis nationalistes et fondamentalistes hindous.

De son côté, le nouveau premier ministre du Gujarat, Keshubbai Patel, a estimé “sans fondement” les appréhensions de ceux qui craignent que les minorités religieuses soient maltraitées par le nouveau gouvernement : “C’est une propagande mensongère destinée à une population musulmane pauvre et illettréeLes musulmans forment 12% de la population du Gujarat qui compte 41 millions d’habitants.

Un seul musulman a été élu au nouveau parlement qui ne comportera aucun chrétien. Ceux-ci ne sont que 2% de la population de l’Etat : “Nous ne sommes pas affamés de pouvoir, dit l’évêque d’Ahmedabad, nous sommes là pour servir et notre service n’est pas destiné à un groupe particulier mais à toutes les communautés

Tout le monde pourtant ne se sent pas entièrement rassuré. Abbas Batlilawa, musulman de la région de Jamalpur près d’Ahmedabad, déclare que “la situation est tendue à cause de l’attitude fondamentaliste et pro-hindoue du nouveau gouvernementCyril Parmar, un chrétien du district de Kheda, affirme de son côté que les problèmes des chrétiens ne seront pas résolus “si aucun chrétien n’est élu au parlementQuant au P. Prakash, prêtre catholique, il admet qu’“une certaine atmosphère d’insécurité règne dans la région depuis les électionsBrijesh Macvan résume l’attitude des chrétiens en disant : “Nous sommes un peuple paisible et il n’y a pas de révolte dans notre coeur, mais que personne ne s’imagine que nous accepterons n’importe quoi

Depuis plusieurs mois, à mesure qu’il approche du pouvoir, le BJP a commencé à changer de langage. Son nationalisme économique pur et dur a nettement évolué vers une acceptation plus ou moins voilée de la réforme économique libérale mise en oeuvre par le parti du Congrès qui a ouvert le pays à la concurrence internationale. Sur le plan religieux, tout en essayant de s’assurer les voix des fondamentalistes hindous, il s’est aussi employé à rassurer les autres communautés ethniques et religieuses. Mais des dérives comme celle qui a provoqué la tragédie d’Ayodhya restent toujours possibles (11).