Eglises d'Asie

Tamil Nadu : l’agitation continue chez les chrétiens à propos de l’utilisation de la Vierge Marie dans la propagande politique

Publié le 18/03/2010




Mgr M. Arokiasamy, archevêque de Madurai (Tamil Nadu), ainsi que l’archevêque de Madras et l’évêque de Thanjavur, dans le même Etat, ont reçu des appels téléphoniques anonymes dont les auteurs menaçaient de profaner églises et autres lieux de culte chrétiens. Ces menaces ont été proférées à la suite de l’ordre donné par les prélats à toutes les paroisses de leurs diocèses d’organiser, le 19 mars 1995, des prières publiques de réparation pour le “sacrilège” dont un fonctionnaire trop zélé s’est rendu coupable en assimilant le premier ministre, Mme Jayalalitha, à Marie et en la représentant sous les traits d’une “Vierge à l’Enfant” (9). Ce jour-là, il a été demandé à tous les chrétiens de porter au bras un brassard noir, en signe de deuil. Le conseil des Eglises protestantes s’est joint aux évêques catholiques pour organiser des prières de réparation.

Dans le même temps, diverses manifestations sont en préparation dans la région. Le 10 mars 1995, à Tiruchirappalli, les leaders de plusieurs Eglises chrétiennes se sont retrouvés sous la présidence d’un prêtre du diocèse, le P. D. Sundaraj. Ils ont décidé de donner à Mme Jayalalitha jusqu’au 20 mars 1995 pour présenter des excuses publiques. Ils ont par ailleurs demandé au gouvernement provincial d’assurer la protection des lieux de culte chrétiens dans l’Etat.

En fait, une manifestation avait été prévue le 13 mars à Madurai. Repoussée au 20, elle a été interdite par la police; mais elle a eu lieu quand même et de nombreux chrétiens auraient été arrêtés, dont, semble-t-il, une centaine de femmes. Les chrétiens s’agitent aussi dans le diocèse de Palayamkottai, au sud de Madurai. Et à Chinglepet, près de Madras, une manifestation a eu lieu le 14 mars.

Ces protestations attirent parfois des contre-protestations de la part des hindous. M. Ramagopalam, leader de l’organisation ‘Hindu Munnani’ (Avant-garde hindoue), association liée aux partis d’extrême-droite qui avait, en d’autres temps, menacé de détruire la cathédrale de Pondichéry (10), ironise : Mme Jayalalitha a été présentée sous les traits de plusieurs divinités hindoues, sans que personne y trouve rien à redire. Et ne voit-on pas des images de la déesse Lashmi sur les billets de loterie? Il n’y a pas de raison d’embarrasser le gouvernement avec de telles broutilles.

Par contre, le secrétaire général de la “Ligue nationale indienneM. A. Abdul Latheef, rappelle que Marie est également honorée par les musulmans. Il a fait savoir que si Mme Jayalalitha ne présentait pas des excuses publiques, ses coreligionnaires joindraient leurs protestations à celles des chrétiens. Selon des rumeurs non confirmées, Mme Sonia Gandhi, veuve de l’ancien premier ministre Rajiv Gandhi, qui est une catholique d’origine italienne, aurait exprimé sa tristesse devant ces événements. Elle aurait même pris contact avec l’archevêché de Madurai à ce propos.