Eglises d'Asie

Nagaland : les chrétiens s’unissent pour protester contre les violences de l’armée et des insurgés

Publié le 18/03/2010




Le 19 mars 1995, catholiques et protestants du Nagaland ont observé une journée de deuil pour protester contre les violations des droits de l’homme dont ne cessent de se rendre coupables les soldats de l’armée indienne comme les groupes armés qui la combattent ou qui se battent entre eux. Les manifestants ont en particulier porté le deuil des huit chrétiens abattus par les militaires une dizaine de jours plus tôt (8).

L’évêque catholique de Kohima, Mgr Abraham Alangimattathil, a encouragé les catholiques à participer à la manifestation. Le directeur de l’école baptiste de Kohima, M. Huzo Mero, a rappelé que les excès de l’armée ne doivent pas faire oublier ceux des factions rebelles qui sévissent dans la région et qui, depuis le début de l’année 1995, ont à eux seuls fait 20 morts. “Nous condamnons les abus commis par l’armée. Nous ne devons pas non plus oublier que nos droits sont violés par des membres de notre peuple, dans le combat fratricide des factions pour s’assurer la suprématie sur les autres”. “Pour purger la sociétéon supprime des toxicomanes. Des morts tombent dans les combats qui opposent Nagas et Kukis, chaque groupe essayant de confisquer le pouvoir à son profit. “Nous poussons de hauts cris quand l’armée indienne viole nos droits” dit M. Mero,”mais nous nous taisons quand, chaque jour, nos frères Nagas de la résistance tuent: nous avons peur des conséquences”.

Un journaliste de Kohima, M. Sébastien Zemvu, demande aux Nagas de condamner aussi ces violences et invite l’Eglise à ne pas demeurer silencieuse. Dans le passé, malheureusement, des appels semblables n’ont pas obtenu le résultat escompté. En janvier 1994, le Conseil de l’Eglise baptiste du Nagaland affirma bien haut sa volonté de s’engager au service de la paix. Le mois suivant, l’Eglise catholique observa une journée de jeûne et de prière pour la paix. Le 5 août suivant, l’association des mères du Nagaland célébra un journée de deuil pour toutes “les morts non naturelles” survenues dans l’Etat. Au cours du même mois, un groupe de catholiques rappela que l’Eglise “ne pouvait jouer le rôle de spectateur silencieux” devant la violence qui ne cessait d’aggraver la situation. Une conférence de dix-neuf organisations baptistes réunie du 15 au 18 septembre 1994 demanda, “au nom de Jésus-Christaux groupes en lice de cesser de répandre le sang, ajoutant: “Seule la réconciliation par le Christ, la coexistence et le respect mutuel” peuvent aider à résoudre les problèmes.