Eglises d'Asie

Les catholiques et les croyants d’autres religions multiplient les échanges de caractère religieux avec la Chine

Publié le 18/03/2010




Le conseil des affaires du continent, rattaché à la présidence, a fait faire en novembre 1994 une enquête sur « Les échanges entre les organisations religieuses de Taiwan et celles du continent ». 2 700 organisations taoïstes, bouddhistes, musulmanes, chrétiennes, etc. de Taiwan ont été interrogées. Le quart ont répondu au questionnaire.

36,6 pour cent d’entre elles affirment avoir eu des relations de caractère religieux avec la Chine continentale depuis que les habitants de Taiwan ont été autorisés à s’y rendre, en 1987. Les taoïstes et les catholiques sont les plus actifs. Dans plus de 80 pour cent des cas l’initiative des relations est venue de Taiwan. Le culte des ancêtres vient en tête des motifs allégués (36,2%), loin devant l’envoi d’une aide économique (11,2 %). Il ressort des réponses qu’entre 1989 et 1993 les organisations religieuses de Taiwan ont fait parvenir à celles de Chine continentale l’équivalent d’un million et demi de dollars américains. Ces envois de fonds, comme les autres formes de relations, ont

principalement profité à la province chinoise de Fujian, la plus proche de l’île.

Mgr Bosco Lin Chi-nan, 52 ans, d’origine taiwanaise, évêque auxiliaire de Kaohsiung, préside le comité que la conférence épiscopale a créé en 1989 pour promouvoir les relations avec les autres Eglises, spécialement avec l’Eglise de Chine. Mgr Lin vient de donner des informations complémentaires au sujet des échanges de caractère religieux entre les catholiques de l’île et leurs frères du continent.

Beaucoup de ces échanges se nouent à l’occasion des voyages de prêtres ou de fidèles de Taiwan en Chine populaire : aides pour la restauration de lieux de culte, envois d’équipements informatiques… Contrairement aux autres communautés croyantes, les catholiques de Taiwan ne favorisent pas la province de Fujian, leurs relations concernent les grandes villes comme Shijiazhuang, Shanghai, Wuhan, Xi’an et même des agglomérations rurales. Ce qui s’explique en partie par la grande dispersion des congrégations religieuses masculines et féminines en Chine avant la prise de pouvoir des communistes en 1949.

Les relations nouées par les catholiques de Taiwan concernent pour une large part des échanges de personnes. La Chine souffre d’une grave pénurie d’enseignants, en particulier dans ses séminaires, qui ont invité des prêtres de Taiwan ou d’ailleurs pour animer des sessions d’études.

La tâche du comité des relations inter-Eglises de Mgr Lin est d’autant plus complexe en Chine continentale que s’ajoutent là-bas, aux diversités régionales et culturelles, aux différences du degré de contrôle de l’autorité civile sur l’activité religieuse, la co-existence de l’Eglise « officielle » des évêques approuvés par le gouvernement et de l’Eglise clandestine. Le comité communique, en toute prudence, avec l’une et l’autre des Eglises, considérant qu’il doit oeuvrer à la réconciliation des deux parties et à l’apaisement d’un conflit très dommageable au développement de l’Eglise catholique en Chine. En attendant, la plupart des membres de l’Eglise de Chine autorisés à faire un voyage à Taiwan appartiennent à l’Eglise ouverte et beaucoup de ceux qu’on souhaiterait faire venir n’y sont pas autorisés.

Mgr Lin ne connaît pas de cas d’arrestation ou de détention de prêtres venus de Taiwan en Chine populaire, mais certains d’entre eux ont été refoulés ou ont essuyé un refus de visa d’entrée.