Eglises d'Asie

Florés : la colère des chrétiens tourne à l’émeute au cours du procès d’un musulman accusé de sacrilège

Publié le 18/03/2010




Le 28 avril 1995, à Maumère, ville de 30 000 habitants, chef-lieu du district de Sikka, sur l’île de Florés, a eu lieu le procès d’un musulman javanais, Didik Warsito, auteur d’un acte sacrilège pendant la messe de Noël. Des milliers de catholiques avaient envahi la place du tribunal et les rues voisines. A la nouvelle que le procureur n’avait pas requis plus de trois ans et demi de prison, des cris d’indignation ont retenti et des pierres ont été lancées. La population de l’île de Florés est majoritairement catholique.

Le chef du district de Sikka, Alexandre Idong, et le Père Laurent Liwu, de la paroisse Saint-Thomas More, ont réussi pendant un moment à ramener le calme. Mais la foule avait grossi, les pierres ont volé de nouveau. Magistrats et policiers assiégés ont alors appelé l’armée à l’aide. La police, poursuivie jusqu’à son siège, a ouvert le feu. Un des manifestants a été atteint mortellement, des dizaines d’autres blessés. A cette nouvelle, des bandes de chrétiens se sont répandus dans la ville et ont mis le feu à des centaines de boutiques et de maisons de musulmans.

L’agitation a cessé le lendemain, après l’arrivée d’une unité militaire de Ende. Le 30 avril, le calme régnait, les forces de sécurité continuaient de patrouiller dans la ville, mais tous les commerces restaient fermés.

Quelques jours plus tôt, le 24 avril, à Atambua, Timor occidental, un juge musulman avait prononcé une peine de quatre années de prison pour le même délit commis par un protestant, au motif que le coupable avait “insulté la religion catholique, troublé l’harmonie entre religions et la stabilité sociale nécessaire à la poursuite du développementLes catholiques venus également par milliers au procès, mais encadrés, à la demande de la police, par deux cents membres des jeunesses catholiques en uniformes, avaient accueilli la décision dans le calme.