Eglises d'Asie

La commission “Justice et paix” dénonce la passivité de l’Eglise du Japon durant la deuxième guerre mondiale

Publié le 18/03/2010




Dans un document rendu public le 16 avril 1995, la commission “Justice et paix” du Japon, présidée par Mgr Okada, évêque d’Urawa, s’adresse aux “frères et soeurs d’Asie et du Pacifique” pour dénoncer la passivité de l’Eglise japonaise durant la deuxième guerre mondiale et critiquer la croissance économique du Japon après la guerre qui a provoqué de graves conséquences contraires aux valeurs de l’Evangile et au respect de la vie humaine et de la paix.

La commission “Justice et paix” reprend pour les amplifier et les renforcer les thèmes de la lettre pastorale des évêques japonais publiée à l’occasion du cinquantenaire de la fin de la deuxième guerre mondiale (7). Selon un observateur averti, interrogé par Eglises d’Asie, les membres de la commission ont estimé que le texte des évêques paraissait “trop ambigu et lénifiant, en particulier en ce qui concerne la position de l’Eglise durant la guerre

Selon le document de “Justice et paix”, l’Eglise catholique n’a strictement rien fait pour s’opposer à la politique de “guerre sainte”, elle a même donné son aval à la politique imaginée par le système impérial pour créer “la grande sphère de co-prospérité asiatiquequi a entraîné une guerre d’agression et la mort de vingt millions de personnes innocentes.

Le texte dénonce avec encore plus de clarté l’exploitation économique des pays d’Asie et du Pacifique pratiquée par le Japon depuis la fin de la guerre : à la stratégie de l’invasion militaire a succédé celle de l’invasion économique par le biais des sociétés multinationales.

La commission se demande enfin pourquoi, pendant cinquante ans, depuis la fin de la guerre, l’Eglise n’a pas été capable de reconnaître ses erreurs, de demander pardon et encore moins de faire l’analyse théologique qui s’imposait à propos du système impérial et du racisme de l’époque. Toutes ces questions concernent la foi catholique au même titre que les bombardements atomiques et le problème particulier d’Okinawa. L’Eglise doit aujourd’hui se situer, dit “Justice et paix”, en communion avec “ses frères et soeurs d’Asie et du Pacifique