Eglises d'Asie

Des cadres administratifs et des personnalités politiques dénoncent les atteintes aux droits de l’homme

Publié le 18/03/2010




Au dire d’un ancien chef du district de Covalina, Rui Emiliano Teixera Lopez, des officiers de sécurité étaient derrière les terroristes ninjas, ces individus en cagoules noires qui, à la fin de 1994 et au début de cette année, surgissaient la nuit en bandes dans les villes et les villages de la province, lançaient des pierres dans les fenêtres des maisons et rouaient les gens de coups (14). Les autorités militaires ont parlé d’agitateurs hostiles au gouvernement. Mais beaucoup de gens du pays pensent que les ninjas étaient en réalité aidés par les militaires. « Quand j’étais chef de district, raconte Lopez, un officier m’a demandé de favoriser le recrutement de ninjas chez les jeunes pour faire peur aux partisans de l’intégration et discréditer ainsi le Fretilin (15). J’ai rejeté cette méthode du ‘diviser pour régner’. C’est la population qui est sacrifiée dans ces actions de vendetta

Un représentant à la chambre provinciale, Manuel Carrascalao, dit que la situation serait meilleure si le gouvernement restituait à la population locale toutes ses terres et tous ses biens et donnait à la province un régime spécial d’autonomie. Oliveira, qui siège à la même chambre, constate que la situation au regard des droits de l’homme ne s’est pas améliorée de façon significative à Timor oriental. « La population, dit-il, est manipulée par des fonctionnaires au profit d’intérêts individuels ou corporatistes. Récemment, une aide allouée aux petits entrepreneurs en coopérative a été versée à trente-et-un commerçants. Aucun d’eux n’était timorais

Mgr Carlos Filipe Ximenes Belo, administrateur apostolique du diocèse de Dili, a dit le 6 mai à des journalistes qu’il n’a pas constaté non plus de progrès substantiel sur le chapitre des droits de l’homme depuis que la province a été annexée par l’Indonésie en 1976. Des militants catholiques lui ont fait part de violations de ces droits commises dans les villages par des fonctionnaires de la sécurité. Ainsi, dans le district de Bobonaro (à 85 kilomètres à l’ouest de Dili), ceux-ci ont récemment abattu un homme accusé d’être un militant clandestin du Fretilin.