Eglises d'Asie

L’influence de l’Eglise catholique au cours des récentes élections n’a pas été négligeable

Publié le 18/03/2010




Selon le Dr Renati Velasco, professeur de sciences politiques à l’université des Philippines, à Manille, les élections sénatoriales du 8 mai 1995 ont démontré que les catholiques philippins forment un bloc politique important et que leur influence est loin d’être négligeable. “Contrairement à ce que certains analystes politiques peuvent dire, il existe un bloc catholique. Et il représente une force politique puissante” (11).

Cette réflexion va à l’encontre de l’opinion exprimée à plusieurs reprises par M. Juan Flavier, ancien ministre de la santé, qui s’est souvent trouvé en opposition avec la hiérarchie catholique en raison de sa politique de contrôle des naissances. Ayant démissionné de son poste de ministre pour se présenter aux élections, il a été élu avec beaucoup moins d’avance que prévue sur un autre candidat de son propre parti, M. Francisco Tatad. M. Velasco pense que Flavier a perdu des voix parmi les catholiques en raison de la propagande négative qui a été faite contre lui. Il pense que la différence entre M. Flavier et M. Tatad aurait dû être de plusieurs millions de voix. Or elle a à peine atteint le demi-million.

Par contre, l’Église d’obédience protestante “Iglesia Ni Kristoqui avait donné des consignes de vote, ne semble pas avoir vu se réaliser toutes ses espérances. “Il n’existe pas de base empirique permettant de dire que l'”Iglesia Ni Kristo” forme un bloc politique puissantdit M. Alex Magno, qui appartient aussi au département des sciences politiques à l’université des Philippines.

Un autre professeur de sciences politiques insiste, lui, sur l’effet de la propagande négative: “C’est un phénomène nouveau. Désormais, nous verrons des organisations, qui, de bonne ou de mauvaise foi, feront campagne non pas en faveur de certains candidats, mais contre eux. C’est ce que l’on appelle une campagne négative organisée”.

A Davao, dans l’île de Mindanao, le diocèse avait formé “VISION 2000” (Voters’ Information to Select Intelligent Officers for the Nation), programme de formation des électeurs qui recommandait de ne voter que pour des candidats connus pour leur patriotisme, leur honnêté, ayant fait leurs preuves au service du gouvernement et dont la conduite morale est irréprochable. Dans le même diocèse, une organisation composée de divers groupements catholiques, “Lakaw Dabawa poursuivi une action semblable en publiant dans le journal diocésain le profil des divers candidats, leurs états de service et leurs intentions politiques. L’archevêque, Mgr Antonio Mabutas et son coadjuteur, Mgr Fernando Capalla, ont parcouru le diocèse et soutenu publiquement les deux associations.

A Manille, la communauté charismatique El Shaddaï, qui se dit forte de cinq millions de membres, avait de son côté, au cours d’une élection “à blanc” organisée avant le 8 mai, constaté que les intentions de vote de ses fidèles convergaient sur les mêmes candidats.