Eglises d'Asie

Boat-people vietnamiens: nouvelles flambées de violence dans les camps de réfugiés

Publié le 18/03/2010




Dans les camps de réfugiés du sud-est asiatique, il n’y a désormais plus de volontaires pour le rapatriement. Les 257 boat-people de Hongkong qui, au cours du mois de mai 1995, s’étaient portés volontaires pour leur rapatriement sont tous revenus sur leur engagement au dernier moment, au début du mois de juin, obligeant les autorités à annuler le vol qui devait les ramener dans leur pays. Le programme de rapatriement forcé est donc désormais la dernière ressource des autorités locales qui se sont promis de vider les camps avant la fin de l’année 1995, au plus tard au mois de juin 1996 pour Hongkong. A cet effet, elles multiplient désormais les manifestations de force policière destinées à intimider les pensionnaires des camps et à briser leur résistance à un éventuel retour forcé.

En Malaisie, la totalité des pensionnaires du camp de Sungai Besi, à savoir environ 4 000 réfugiés vietnamiens, refuse absolument la perspective du retour forcé au Vietnam qui est prévu pour le 31 août. Le lundi 3 juin, toute la population du camp s’est échappée hors des clôtures métalliques après les avoir arrachées, et s’en est allé camper sur une route. Un peu plus tôt dans la journée, les réfugiés avaient essuyé une opération d’intimidation de la police malaisienne qui, selon leurs dires, a utilisé des gaz, des canons à eau et des chiens. A l’issue des incidents, vingt pensionnaires suspectés d’être les meneurs ont été arrêtés. La surveillance policière du camp a été renforcée et dix miradors supplémentaires ont été élevés.

Cinq jours plus tard, au camp de High Island à Hongkong, dans la nuit du 7 au 8 juin, 2 000 pensionnaires munis d’armes de fortune ont, pendant dix heures, pris le contrôle du camp. Les réfugiés ont lutté toute la nuit, pied à pied, contre les 1 350 agents des forces de l’ordre envoyés pour les réduire. Il semble bien que l’émeute a été déclenchée par la nouvelle que 94 réfugiés du camp allaient être transférés à la prison Victoria pour y attendre leur rapatriement forcé. Le transfert a effectivement eu lieu dans l’après-midi qui a suivi l’émeute.

A plusieurs reprises, des porte-parole du haut commissariat aux réfugiés et du gouvernement de Hongkong ont rejeté sur les Etats-Unis la responsabilité des troubles actuels dans les camps. Ils faisaient plus particulièrement allusion à un amendement déposé à la chambre des représentants par le républicain Chris Smith, concernant le sort des quarante mille réfugiés encore dans les camps. L’amendement prévoit de suspendre la contribution américaine de 25 millions de dollars au “Plan global d’action” destiné à vider les camps de Hongkong de leurs pensionnaires. Il exige aussi, entre autres choses, que tous les demandeurs d’asile soient de nouveau soumis à la procédure de sélection (screening) destinée à déterminer leur qualité de réfugié politique. L’amendement en donnant de fausses espérances aux réfugiés, les aurait incités à refuser le rapatriement volontaire, actuellement en panne. Cependant, dans une déclaration publiée par la presse de Hongkong le 13 juin 1995, le consul des Etats-Unis a précisé que les Vietnamiens non réfugiés n’avaient aucune chance d’être accueillis aux Etats-Unis.

L’attitude vietnamienne est un autre sujet de mécontentement pour les autorités du territoire. En effet, le programme de rapatriement ordonné (rapatriement forcé) est lui-même compromis par une récente décision du gouvernement de Hanoi. Ce dernier ne veut plus accepter que 200 rapatriés par mois au lieu des 1 800 par mois initialement prévus et prétend désormais que cette forme de rapatriement “compromet la dignité nationale et enfreint les droits fondamentaux des réfugiés” (20).