Eglises d'Asie

La police a forcé l’entrée de la cathédrale catholique de Séoul pour arrêter des syndicalistes

Publié le 18/03/2010




A l’aube du 6 juin 1995, la police de Séoul a forcé l’entrée du temple bouddhiste Chogye et de la cathédrale catholique de Myongdong pour se saisir de treize dirigeants syndicaux qui occupaient les lieux depuis dix jours pour protester contre les plans gouvernementaux de privatisation des télécommunications.

“L’usage de la force était inévitable et il n’y a pas de sanctuaire qui puisse empêcher l’application de la loia déclaré Park Bom Jin, porte-parole du parti libéral démocrate qui forme le gouvernement. De son côté, le porte-parole du ministère de l’Intérieur a précisé que l’action de la police avait été décidée après le refus répété – à six reprises -des autorités religieuses catholiques et bouddhistes de laisser entrer la police dans les lieux où se trouvaient les syndicalistes. Des mandats d’arrêt avaient été lancés depuis plusieurs jours contre les treize dirigeants syndicalistes accusés d’avoir organisé des grèves illégales qui menaçaient de paralyser tout le service national des télécommunications.

Les milieux gouvernementaux accusent aussi les syndicalistes d’avoir organisé leur action pour perturber les élections municipales qui doivent avoir lieu le 27 juin. De son côté, le parti démocratique d’opposition accuse le gouvernement d’essayer de créer artificiellement une psychose de crise pour manipuler le vote des électeurs. En marge de cette affaire, une quinzaine d’étudiants qui protestaient contre la violation des sanctuaires religieux ont été arrêtés eux aussi.

Le 9 juin 1995, le conseil presbytéral de l’archidiocèse de Séoul, réuni d’urgence par le cardinal archevêque Kim Sou Hwan, a vigoureusement protesté contre l’action “violente et barbare” de la police dans la cathédrale de Myongdong. Le texte publié à l’issue de la réunion des prêtres ajoute : “L’Eglise ne revendique aucun privilège. Son droit est le droit de protéger ceux qui sont sans pouvoir et de partager leurs souffrances. L’Eglise a joué son rôle de médiateur pour trouver une solution au conflit par le dialogue : les syndicalistes avaient décidé de quitter la cathédrale, mais le gouvernement a décidé d’utiliser la force sans prendre en compte les efforts qui étaient en cours. Notre confiance dans le gouvernement a été abuséeDans les jours suivants, des services religieux ont été organisés dans des églises catholiques de tout le pays pour dénoncer l’action de la police. Au cours de l’une de ces cérémonies, le 11 juin, le cardinal Kim a déclaré qu’il voyait dans cet événement “la preuve que la logique de pouvoir dominait encore celle du dialogue dans la sociétéIl a aussi demandé que les conflits du travail soient négociés plutôt que réprimés. C’est la première fois depuis l’arrivée au pouvoir du présent gouvernement au début de l’année 1993 que le cardinal Kim, très respecté en Corée du Sud bien au-delà de la communauté catholique, critique ouvertement le gouvernement.

Le 13 juin, une très importante manifestation de protestation a réuni 15 000 catholiques et 500 prêtres à la cathédrale de Myongdong à Séoul. Mgr Kim Ok-kyun présidait la célébration en remplacement du cardinal Kim qui se trouvait à Taiwan ce jour-là. Le syndicat coréen des télécommunications compte plus de 50 000 membres qui s’opposent à la privatisation de l’entreprise parce qu’ils estiment que ce serait la voie ouverte à la mainmise de quelques grands conglomérats sur cette industrie.