Eglises d'Asie

Consécration d’un nouvel abbé au monastère cistercien de Phuoc Ly

Publié le 18/03/2010




Le 1er juin 1995, des centaines de fidèles sont venus assister à la consécration du nouvel abbé du monastère cistercien de Phuoc Ly, le Père Ignace Trân Ngân. L’évêque de Xuân Lôc, Mgr Nguyên Minh Nhât, accompagné de son évêque auxiliaire, a présidé la cérémonie et a remis la mitre et la crosse au nouvel abbé pour un mandat de dix années. Les deux évêques étaient entourés par les abbés des deux autres monastères cisterciens au Vietnam, Phuoc Son et Châu Son. Près de cent prêtres étaient aussi venus concélébrer avec eux.

Le nouvel abbé, fils d’un notable de la paroisse de Hiêp Nghia appartenant aujourd’hui au diocèse de Phan Thiêt, est entré très jeune au monastère où il a fait toutes ses études profanes et religieuses. Il succède au premier abbé du monastère, un religieux vietnamien mort en 1972. La communauté dont il a désormais la charge comprend aujourd’hui soixante membres, parmi lesquels cinq prêtres et 21 profès perpétuels. Après la cérémonie, le nouvel abbé a déclaré que son seul souci était de s’acquitter au mieux de la charge qui lui était confiée auprès de ses confrères, comme l’indique la devise qu’il a choisie: “Tout pour le Seigneur et pour mes frères” (11).

Le monastère de Phuoc Ly où s’est déroulée la cérémonie est le plus récent des monastères cisterciens du Vietnam. C’est en 1918 qu’eut lieu la première fondation cistercienne au Vietnam dans une région reculée de la province de Quang Tri au nord du fleuve Ben Hai qui, pendant un temps, après les accords de Genève, servira de frontière entre le Nord et le Sud-Vietnam. Ce premier monastère appelé “Phuoc Son” (la montagne du bonheur) fut créé a l’initiative du Père Henri Denis, prêtre des Missions étrangères, qui se fit religieux sous le nom de P. Benoît pour mener à bien cette fondation et assurer la formation des premiers membres de la congrégation, dont il fut aussi le premier abbé. En 1920, comme il ne suffisait plus à la tâche, l’évêque de Huê fit appel au Père Mendiboure, un missionnaire de 43 ans, pour le seconder. Lui aussi se fit religieux et après le décès du P. Benoit, mort d’épuisement, il fut consacré abbé en même temps qu’il prononçait ses voeux perpétuels. Un autre prêtre des Missions étrangères vint les rejoindre en 1941, le P. Gilbert Barnabé. Le P. Mendiboure est mort de privation et de maladie sans doute en janvier 1954 alors qu’il était détenu par les Vietminh depuis le mois d’avril 1953.

La jeune communauté qui s’est très rapidement développée fut d’abord érigée sous le nom de congrégation Notre-Dame par l’évêque de Huê, Mgr Allys. Elle demanda ensuite son affiliation à l’ordre de Citeaux, ce qui lui fut accordé par les cisterciens en 1933 et par le Saint-Siège en 1934. Dès 1936, un deuxième monastère, Châu Son, fut fondé à Phat Diêm. Les deux communautés furent obligées de se replier au Sud-Vietnam en 1954, après l’installation du régime communiste dans le nord. Le monastère de Phuoc Son s’installa dans le district de Thu Duc près de Saigon, tandis que celui de Châu Son s’établissait dans la région de Dalat. Le monastère de Phuoc Ly fut fondé en 1950 dans ce qui était alors le vicariat de Saigon.

Les trois monastères cisterciens ont connu de très sérieuses difficultés dans les années qui ont suivi le changement de régime au Sud, en particulier celui de Phuoc Son. Depuis quelques années, les conditions sont plus favorables à la vie conventuelle et les vocations sont nombreuses.