Eglises d'Asie

Kerala : les évêques chrétiens publient une lettre commune contre la corruption

Publié le 18/03/2010




Le 20 juin 1995, Mgr Joseph Powathil, archevêque de Changanacherry et président de la conférence des évêques catholiques de l’Inde, a remis à la presse une lettre pastorale signée par le cardinal Anthony Padiyara, archevêque majeur de l’Eglise de rite syro-malabar, Mgr Cornelius Elangikal, archevêque de rite latin de Verapoly et Mgr Cyril Mar Baselios, évêque syro-malankar de Bathery. A côté de la signature des évêques catholiques on trouve aussi celle des responsables de l’Eglise orthodoxe de rite malankara, de l’Eglise jacobite syrienne, de l’Eglise de Saint-Thomas et de l’Eglise protestante du Sud de l’Inde.

Cette lettre commune, qui a été lue dans les églises à travers tout l’Etat du Kerala, analyse la corruption qui règne dans la société environnante et invite les chrétiens à la combattre, “comme un peuple qui a reçu l’onction pour devenir la conscience de l’humanité”.

Selon les auteurs de la lettre, la corruption “a pris des proportions diaboliques”. Représentants du peuple, administrateurs, responsables du maintien de l’ordre, militants impliqués dans les activités sociales et les médias sont invités à travailler à la formation d’une société juste. Les médias en particulier devraient “devenir la voix de la conscience de l’humanité, s’opposer à la corruption, être les témoins de la vérité et donner la parole aux pauvres qu’une société corrompue réduit au silence”.

Les évêques admettent que les religions ont échoué dans leur effort pour promouvoir les valeurs morales. Ils invitent les institutions religieuses à faire leur examen de conscience et à opérer les changements nécessaires. “Un désir incontrôlé de richesse matérielle est la menace la plus grande” contre la foi en Dieu et la moralité, disent-ils. Ils demandent aux avocats et aux travailleurs sociaux de collaborer avec les autres groupes qui cherchent à aider les victimes de la corruption et de l’exploitation. Ils invitent à retrouver le sens du “dharmaou du devoir moral, qui guidait l’ancienne culture de l’Inde.

Cette lettre a provoqué diverses réactions. M. Anthony M. Ambatt, secrétaire-général de l’Union catholique panindienne, commente: “L’Eglise au Kerala a pris une initiative courageuse et prophétique. C’est une occasion donnée par Dieu lui-même de faire notre examen de conscience, de nous réformer et de remettre en ordre nos priorités”. Une ménagère de Kochi félicite les évêques des diverses confessions de s’être retrouvés ensemble pour écrire cette lettre.

Par contre, un ancien catholique devenu Témoin de Jéhovah, M. Baby Kurien, demande aux évêques de commencer par supprimer la corruption à l’intérieur même des Eglises. “Cela me fait penser à la parole de Jésus: médecin, guéris-toi toi même”, dit-il. Un employé de banque, M. Varghese Thomas, réclame la suppression du droit d’entrée dans les écoles et collèges chrétiens. M. Nelson Meemayil, avocat à la Haute cour du Kerala, invite les Eglises à changer leur attitude vis-à-vis des dalits. Quant à M. Ashok Singhal, leader d’une organisation hindoue au Kerala, il réclame des évêques qu’ils commencent par mettre fin aux conversions: “Le prosélytisme est la plus grande des corruptions'”, dit-il.