Eglises d'Asie

La prostitution enfantine augmente à une allure inquiétante à travers le pays

Publié le 18/03/2010




La population enfantine prostituée, dont on dit qu’elle est la plus importante du monde, augmente de façon alarmante en raison de la pauvreté et de la peur du sida. Selon M. Khairati Lal Bhola, qui dirige à Delhi des écoles pour enfants de prostituées, “C’est l’Inde qui compte le plus grand nombre d’enfants prostitués dans le monde et il est encore en augmentation rapide”. Et il demande: “Que vaut un pays, où la pauvreté force les gens à échanger leurs enfants contre du riz?” Sur 2,3 millions de prostitués que compte l’Inde, 25% sont de mineurs de moins de 18 ans. M. Bhola ajoute: “Les gens maintenant ont peur du sida. Ils demandent donc de plus en plus de filles jeunes. Naturellement, les entremetteurs attirent de plus en plus de jeunes filles vers la prostitution”. De son côté, une militante sociale, Mme Brinda Karat, commente; “Cela ne fait aucun doute: la prostitution enfantine va en augmentant. On force des filles de 13 ans à entrer dans la profession

Militants et fonctionnaires mettent cette progression du marché sexuel des enfants sur le compte de la pauvreté et de la crainte du sida. Ils accusent aussi l’apathie gouvernementale et la corruption de la police. La plupart des prostituées indiennes sont issues de familles extrêmement pauvres. Elles vivent du peu d’argent que leur “métier” leur permet de gagner. Leurs enfants, méprisés par la société, finissent par joindre leurs mères.

Mme Karat croit constater une baisse des valeurs morales dans le pays et une montée de la perversion sexuelle. “Nous vivons, dit-elle, à un âge où les gens veulent posséder tout ce qu’ils désirent. Pour la masse des pauvres, la prostitution est malheureusement une stratégie de survie”.

Un fonctionnaire affirme: “Nous sommes inquiets. On a tort de dire que le gouvernement ne se préoccupe pas de ce problème. Mais nous sommes prêts à avouer que nous devons y prêter une plus grande attention encore”. M. Bhola n’est pas d’accord: “Le gouvernement n’a pas la volonté d’agir”, dit-il. “La police, comme tout le monde, trouve son intérêt dans la prostitution. Si le gouvernement le voulait, il pourrait arrêter la prostitution enfantine”. Mme Karat conclut ainsi : “A moins que le gouvernement ne change radicalement sa manière de penser, on ne voit pas comment la prostitution enfantine peut disparaître. Je pense qu’elle ne peut que s’aggraver dans un avenir proche”.