Eglises d'Asie

1995, une année riche en anniversaires pour le Vietnam et l’Eglise catholique

Publié le 18/03/2010




L’année 1995 aura été riche en anniversaires. Les soixante-cinq ans de la fondation du Parti communiste vietnamien, les vingt ans de l’installation du nouveau régime au Sud ont déjà été célébrés avec beaucoup de faste par les autorités civiles. Dimanche 2 septembre, de grandes fêtes à Hanoi et Hô Chi Minh-Ville marqueront le cinquantième anniversaire de la proclamation de l’indépendance par Hô Chi Minh. C’est avec beaucoup plus de discrétion que l’Eglise catholique, elle aussi, se souvient des événements qui l’ont concernée dans un passé récent. Pour elle, l’année 1995 ne constitue pas seulement le vingtième anniversaire d’un changement de société qu’elle a dû assumer et qui a profondément marqué son évolution ultérieure. Cette année là, onze nouveaux évêques furent nommés dont dix sont encore vivants. Tous avaient été consacrés, souvent dans la clandestinité, aux alentours du 30 avril 1975, avant et après, en vertu des pouvoirs spéciaux donnés aux évêques vietnamiens en cette période troublée.

Les premiers évêques ordonnés au cours de l’année 1975 furent l’actuel administrateur apostolique de Huê, Mgr Nguyên Nhu Thê, l’évêque de Thanh Hoa, Mgr Nguyên Son Lâm nommé alors à Dalat, l’évêque de Nhatrang, Mgr Nguyên Van Hoa. Un peu plus tard dans l’année avaient été ordonnés Mgr Nguyên Quang Sach, évêque de Da Nang, Mgr Lê Phong Thuân , évêque de Can Tho, Mgr Nguyên Van Nam de My Tho et Mgr Nguyên Minh Nhât, évêque de Xuân Lôc, président de la Conférence épiscopale. Trois autres évêques avaient aussi, cette année-là, reçu le sacre épiscopal, Mgr Pham Van Lôc, évêque de Kontum aujourd’hui à la retraite, Mgr Bui Tuân, évêque coadjuteur de Long Xuyên et Mgr Nguyên Van Diêp, coadjuteur de Vinh Long.

Dans une interview accordée à l’hebdomadaire “Catholicisme et nation” (11) à cette occasion, Mgr Nguyên Minh Nhât a énuméré, avec une pointe d’ironie, toutes les difficultés qui ont émaillé ses premières années d’épiscopat. Les propos tenus par le prélat donnent la mesure du changement réalisé aujourd’hui dans les relation de l’Eglise et des autorités. Après avoir été consacré dans une quasi-clandestinité à l’évêché du diocèse de Xuân Lôc, le 16 juillet 1975, Mgr Nhât a dû attendre trois ans avant de recevoir la reconnaissance officielle du gouvernement. Cependant, même après cela, jusqu’en 1984, il ne lui a pas été permis de loger dans les bâtiments de l’évêché où se trouvait l’évêque principal, Mgr Nguyên Van Lang, particulièrement surveillé par le pouvoir local. Il fut accueilli provisoirement dans un institut séculier à Gia Tân. Durant cette période, il rencontra de nombreuses difficultés dans l’accomplissement de sa mission pastorale, en particulier lors de ses déplacements pour lesquels d’innombrables autorisations étaient nécessaires, même à l’intérieur de son propre diocèse. Il lui est même arrivé d’être arrêté et détenu pendant quatre jours en prison dans la région de Phuoc Ly, “pour s’être déplacé dans une région où la sécurité n’était pas assuréeConcluant sur cette période de sa vie, Mgr Nhât a estimé: “Je n’ai aucune honte à rappeler ces souvenirs, car tel est le destin de l’apôtre: le serviteur n’est pas plus grand que son maître; qu’il soit traité à l’égal de son maître, c’est la moindre des choses

Il est probable que lors de leur réunion annuelle, prévue pour le 5 septembre 1995, les évêques vietnamiens voudront aussi marquer le quinzième anniversaire de la publication de leur première lettre commune qui fixait pour les fidèles l’orientation de l’Eglise du Vietnam après le changement de régime. Les évêques auraient l’intention de rédiger une lettre pastorale importante à cette occasion. Ils devront aussi procéder à l’élection du président et du bureau de la Conférence épiscopale. De nouveaux statuts de la conférence seront adoptés qui prévoient la création d’un certain nombre de commissions encore manquantes concernant la catéchèse, “Justice et paix”, les affaires culturelles et l’évangélisation.