Eglises d'Asie

Les responsables catholiques protestent contre une nouvelle loi favorisant l’avortement

Publié le 18/03/2010




Le 16 août 1995, Mgr Joseph Powathil, archevêque de Changanacherry (Kerala) et président de la conférence épiscopale indienne, a envoyé un message à tous les évêques de l’Inde, leur demandant de réagir vigoureusement contre une nouvelle loi, récemment votée par le parlement, et visant à encourager l’avortement. Le 7 août 1995, en effet, le parlement adoptait un amendement à la loi sur les avantages accordés aux mères: lorsque, après la naissance de deux enfants, elles avortent du troisième, elles ont droit désormais à un congé payé de six semaines. Si elles se font stériliser, elles obtiendront en plus des avantages financiers.

Mgr Powathil lance un appel à tous les évêques de l’Inde et à “toutes les personnes de bonne volonté” pour qu’ils aident la société indienne à prendre conscience “de ce mal qu’est l’avortement” et contribuent à former l’opinion publique dans ce sens. Il invite évêques et prêtres à utiliser tous les moyens possibles pour “au moins retarder les progrès de l’avortement dans le pays”. Pour lui, cette décision est indigne d’une nation “connue pour son respect de la religion et de la vie, y compris la vie des animaux et des plantes”. “Seule, dit-il, une opinion publique fondée sur la crainte de Dieu et le respect de la vie” peut amener le gouvernement à changer sa politique.

De son côté, M. José Chiramel, secrétaire général de l’Union catholique pan-indienne regrette que le “mouvement pour la vie” soit trop faible en Inde et rappelle que peu de gens s’étaient opposés à la légalisation de l’avortement en 1971. Quant au P. George Pereira, adjoint au secrétaire général de la conférence épiscopale, il craint que cette nouvelle loi ne conduise à une dégradation morale. Il se dit choqué par le fait qu’aucun des trente députés chrétiens au parlement n’ait élevé la voix contre le projet de loi quand celui-ci leur a été présenté.

La soeur Cléopâtre, responsable du “bureau-femmes” au sein de la conférence épiscopale (5), ajoute que cette nouvelle loi va semer la confusion parmi les gens: “Pour le public, la différence est bien mince entre ce qui est légalement possible et ce qui est moralement bondit-elle. Et elle regrette que les dirigeants de l’Eglise ne parlent clairement contre l’avortement qu’au sein de leur propre communauté: leur voix n’est pas entendue dans le grand public. La conclusion revient à un avocat catholique de Delhi, M. George K. Jose, pour qui cette décision est tout à fait dans la logique d’un gouvernement qui a légalisé l’avortement il y a plus de vingt ans: “En Inde, ce qui importe aux politiciens et au gouvernement, ce ne sont pas les questions de morale, mais les considérations économiques”, dit-il.