Eglises d'Asie – Indonésie
Irian Jaya : un rapport de l’évêque catholique du lieu fait état de nombreuses exécutions sommaires et de tortures perpétrées par l’armée
Publié le 18/03/2010
Le rapport de l’évêque indique que cinq autres assassinats ont eu lieu dans la région dans des circonstances similaires entre décembre 1994 et mai 1995. L’évêque fait aussi état de nombreuses arrestations, de tortures infligées aux prisonniers et de disparitions suspectes. Un autre rapport provenant de sources australiennes fait état de 37 morts entre juin 1994 et février 1995 et accuse les services de sécurité de la compagnie “Freeport Indonesia” d’avoir participé aux actes criminels reprochés à l’armée.
Mgr Munninghoff a demandé à la commission indonésienne des droits de l’homme d’enquêter sur les événements qui se déroulent depuis plusieurs mois en Irian Jaya dans la région de Timika.
Ces événements font suite à la série de protestations organisées par les indigènes pour s’opposer à l’expansion de la mine. La tribu Amungme revendique la propriété du territoire sur lequel la mine veut s’étendre et affirme que le développement de cette mine polluerait ses terrains de chasse et de pêche. Selon l’armée, les indépendantistes de l’Irian Jaya qui luttent pour une Papouasie libre sont aussi impliqués dans ces manifestations populaires. La très grande majorité de la population est mélanésienne, et l’Irian Jaya, ancienne possession hollandaise, a été rattachée à l’Indonésie en 1969.
L’armée indonésienne a nié toute responsabilité dans les événements, et les responsables de la compagnie australienne “Freeport Indonesia” ont démenti quant à eux avoir été impliqués d’une manière ou d’une autre dans la répression des manifestations. Des témoignages précis indiquent pourtant qu’un certain nombre d’actions reprochées à l’armée ont eu lieu à l’intérieur des locaux de la compagnie et que ses camions ont été utilisés par les soldats.
Cinq organisations non gouvernementales, parmi lesquelles l’institut de recherche sociale de la conférence épiscopale indonésienne catholique, ont confirmé le rapport de Mgr Munninghoff. Elles estiment par ailleurs que la population locale vit sous la terreur depuis plusieurs mois par suite de la brutalité de l’armée. Les organisations demandent au gouvernement indonésien de restaurer la justice à Timika et de libérer les chefs Amungme emprisonnés.
La commission indonésienne des droits de l’homme a décidé de prendre l’affaire en mains et a envoyé une équipe d’enquêteurs sur place le 25 août.