Eglises d'Asie

LES RELATIONS ENTRE LE SAINT-SIEGE ET LE VIETNAM

Publié le 18/03/2010




Où en sont les relations entre le Vietnam et le Saint-Siège?

Les relations entre le Saint-Siège et le Vatican sont des relations entre deux Etats ayant chacun leurs particularités et leurs traditions qui doivent être respectées. Selon les usages internationaux, ces relations impliquent l’égalité entre les deux parties et le respect mutuel. Toutes les questions doivent être réglées sur la base de l’entente réciproque sans que l’une des parties n’exerce de pression sur l’autre. Dans le cas d’opinions contraires, les deux parties doivent se rencontrer pour en discuter directement et trouver un point d’accord. C’est pour cela que la délégation du Saint-Siège est venue cinq fois dans notre pays pour y travailler. Le Saint-Siège a souvent déclaré: “Ces rencontres avec le Vietnam sont franches, ouvertes et se déroulent dans un climat de profond respect mutuel. Les deux parties sont parvenues à de nombreux points d’accord et se sont engagées à les mettre en pratique. De nombreux résultats ont été obtenusLe chef de la délégation du Saint-Siège a aussi affirmé: “il faut continuer le dialogue, car c’est là une bonne orientation”.

Nous pensons que si le Saint-Siège continue sur cette voie correcte dans la bonne volonté, l’équité et le respect de la souveraineté nationale vietnamienne, nous irons, pas à pas, jusqu’au but, à savoir l’amélioration des relations entre le Vietnam et le Saint-Siège.

Comment se déroule aujourd’hui la nomination par le Saint-Siège d’évêques destinés à administrer les diocèses?

La nomination par le Saint-Siège de dignitaires administrant l’Eglise au Vietnam, voilà un point sur lequel les deux parties se sont accordées et engagées. C’est le Saint-Siège qui choisit le candidat, puis il en discute avec le Vietnam. Lorsque le Vietnam est d’accord, le Saint-Siège prend une décision et publie la nomination. Le nouveau dignitaire est alors entièrement libre d’exercer les fonctions de sa charge dans le respect de la constitution et de la loi du pays.

Dans les cas où le Vietnam n’est pas d’accord, le Saint-Siège a toute liberté de choisir un autre candidat sur lequel les deux parties peuvent s’accorder et ainsi tenir leurs engagements respectifs. Pour sa part, le Vietnam a fait de grands efforts afin d’assurer la bonne réalisation des engagements communs. C’est grâce à cela que depuis le jour de l’unification du Vietnam, le Saint-Siège a pu plus de vingt fois procéder à la nomination et à la consécration de membres de la hiérarchie de l’Eglise. La grande majorité des évêques actuels ont été consacrés après 1975 et mènent normalement les activités pastorales confiées à leur charge. En ne comptant qu’à partir de 1989, il y a eu des dizaines de nominations et de consécrations qui, en raison de l’accord, n’ont fait aucune difficulté. Ce n’est que récemment que s’est produit le cas de la nomination de l’évêque Huynh Van Nghi: le Saint-Siège a violé les dispositions de l’accord, a suscité des difficultés dans le diocèse de Hô Chi Minh-Ville et a jeté l’évêque Huynh Van Nghi dans une situation compliquée. C’est très regrettable pour l’Eglise du Vietnam; le gouvernement en cette occasion sympathise avec les évêques, le clergé, les religieux et les laïcs de tout le pays, mais plus particulièrement avec ceux du diocèse de Hô Chi Minh-Ville.

Pourquoi le gouvernement vietnamien n’est-il pas d’accord pour que l’évêque Huynh Van Nghi exerce une activité religieuse à Hô Chi Minh-Ville?

Le diocèse de Hô Chi Minh-Ville est un grand diocèse occupant une situation importante à l’intérieur de l’Eglise du Vietnam. Les activités de ce diocèse revêtent une signification importante, non seulement parce qu’elles assurent la satisfaction des besoins religieux du peuple mais parce qu’elles sont liées à la vie sociale de la ville, comme à l’oeuvre de rénovation, d’édification et de défense de notre patrie.

Depuis la libération, grâce à l’orientation correcte donnée par les pasteurs du diocèse, les activités religieuses se sont progressivement normalisées et se sont développées en harmonie avec le rythme de l’évolution de la population de la ville, contribuant ainsi à associer le catholicisme à la nation dans le cadre de la grande union du peuple tout entier.

Nous pensons que quel que soit l’évêque destiné à diriger le diocèse de Hô Chi Minh-Ville, il devra continuer de mettre en oeuvre cette orientation correcte. Le gouvernement accorde toute son attention et toute sa sympathie aux aspirations des catholiques de cette ville. Ceux-ci désirent des évêques dignes de continuer la voie harmonieuse qui associe le sacré et le profane dans l’intérêt de l’Eglise et du peuple vietnamiens.

Malheureusement, dans le cas de la nomination de Mgr Huynh Van Nghi, le Saint-Siège n’a pas respecté les dispositions de l’accord conclus avec le gouvernement vietnamien. Les activités de cet évêque à Hô Chi Minh-Ville sont allées à l’encontre de l’orientation mentionnée plus haut. Elles ont porté tort aux fidèles du diocèse, elles ont porté atteinte aux relations harmonieuses entre le religieux et le profane. Mgr Huynh Van Nghi est allé jusqu’à violer des articles de la loi ordinaire que tout citoyen a à coeur de respecter.

Comme le savent de nombreux dignitaires et de nombreux laïcs, Mgr Huynh Van Nghi a même fait obstacle aux activités pastorales ordinaires qui autrefois avaient lieu sans interruption dans le diocèse, créant ainsi du mécontentement dans l’Eglise. Beaucoup de fidèles ont protesté contre l’attitude de Mgr Nghi qui a empêché d’autres évêques de venir à Hô Chi Minh-Ville pour y célébrer des cérémonies. Il a, de sa propre initiative, annulé des ordinations sacerdotales déjà organisées. De sa propre initiative encore, il a rompu l’union de prières entre les fidèles et les évêques du pays en annulant la messe concélébrée par la Conférence épiscopale du Vietnam à l’Eglise Notre Dame à l’occasion de sa réunion annuelle de 1993.

Par suite, le gouvernement vietnamien a plusieurs fois informé le Saint-Siège et la conférence épiscopale qu’il refusait de laisser Mgr Huynh Van Nghi exercer une quelconque activité religieuse dans la ville. Il a conseillé à celui-ci d’accomplir paisiblement son service dans son diocèse de Phan Thiêt seulement.

Pourquoi au Vatican y a-t-il toujours des gens pour s’obstiner à vouloir nommer Mgr Huynh Van Nghi évêque de Hô Chi Minh-Ville?

Ceci est une question pertinente qui doit être posée au Saint-Siège. Que la réponse soit satisfaisante ou non, cela dépendra de la bonne volonté du Saint-Siège, de son attitude équitable et respectueuse de la souveraineté nationale du Vietnam.

Nous avons tendance à penser que cette affaire fait partie d’une politique du Vatican qui veut faire nommer d’un même coup un certain nombre d’évêques dans une liste globale. Au fur et à mesure des négociations successives, le Vietnam s’est vu proposer par le Vatican une liste de nominations liées ensemble et dépendantes les unes des autres, celles de Mgr Pham Dinh Tung, de Mgr Nguyên Van Thuân, de Mgr Huynh Van Nghi et de certains autres. Depuis le début, le Vietnam n’a pas accepté un règlement global de ce type, car il oblige à laisser vacants de nombreux diocèses. Après de nombreuses années de négociations, le Saint-Siège a reconnu que cette position était erronée et s’est corrigé en acceptant de traiter des cas particuliers. Ainsi, le Saint-Siège a nommé Mgr Nguyên Van Thuân au Vatican tandis que les diocèses de Hanoi, Thai Binh et Huê recevaient un nouveau pasteur.

Pour ce qui concerne plus particulièrement le diocèse de Hô Chi Minh-Ville, le Saint-Siège garde l’ancienne liste de noms conformément au principe de la liste globale non modifiable. En réalité son intention est de destituer Mgr Binh, personne respectée et aimée des fidèles, du clergé et de la population de la ville. Le gouvernement, à de nombreuses reprises, a exprimé clairement son refus de ce type de solution. Il a proposé que le Saint-Siège mette un terme à l’administration apostolique du diocèse et restaure le titre et la juridiction de Monseigneur Binh. C’est ce qui doit être fait en premier lieu. Quant à la nouvelle nomination, il est seulement nécessaire qu’elle soit appropriée à la situation actuelle, conforme à l’accord et elle aura lieu comme les autres. Ce qui signifie qu’il est nécessaire que le Saint-Siège consulte l’Eglise du diocèse, choisisse une personne ayant obtenu l’accord des deux parties. Si le Saint-Siège s’efforce de tenir correctement ses engagements à l’égard du gouvernement vietnamien, nous pensons que la question de la nomination d’un archevêque à Hô Chi Minh-Ville sera rapidement réglée.

Qu’en est-il des relations avec le Saint-Siège dans le cadre de la politique de renouveau?

La politique de renouveau a déjà obtenu d’importants résultats. La population de tout le pays la soutient et y participe positivement. La communauté internationale en fait l’éloge.

Nos compatriotes de toutes religions ont apporté leur contribution positive à la mise en oeuvre et à la défense de cette politique du renouveau. Le Vietnam a pour intention d’en accélérer le rythme. Ce renouveau touche aussi la politique pratiquée à l’égard des religions. Le gouvernement a publié un certain nombre de directives pour compléter et améliorer la législation relative à la religion en harmonie avec la nouvelle politique de développement du pays.

Malgré cela un petit nombre d’organisations étrangères continuent d’afficher une attitude hostile au Vietnam et refusent d’abandonner leurs obscurs desseins. Elles continuent de chercher à lui porter tort par tous les moyens. Elles tentent de faire perdre sa stabilité au pays et de contrecarrer son développement harmonieux. Nous sommes sûrs que nos compatriotes de diverses religions comprendront clairement quelle est leur responsabilité et quels sont leurs intérêts dans l’oeuvre du renouveau. Ils approuveront les nécessaires mesures destinées à assurer la stabilité et participeront activement à l’édification ainsi qu’à la défense de la patrie. Ainsi, Il est donc nécessaire d’assurer que les activités religieuses se conforment à la Loi. Cette même assurance doit pouvoir être obtenue en ce qui concerne l’établissement de relations entre les associations religieuses du pays et l’étranger.

Pour ce qui concerne les relations étrangères, dans l’avenir, notre politique sera l’amitié avec tous les pays de la communauté internationale dans la paix et le développement. Le gouvernement est en train de diversifier ses relations internationales et de leur donner des formes variées. Pour ce qui concerne le Saint-Siège, nous souhaitons que le Saint-Siège opère un changement adapté à l’orientation actuelle du monde et à la réalité du Vietnam, pays indépendant et souverain. L’Eglise du Vietnam est un élément indissociable de la nation vietnamienne.