Eglises d'Asie – Vietnam
Mgr Huynh Van Nghi s’adresse par écrit aux fidèles de Hô Chi Minh-Ville
Publié le 18/03/2010
« Le fait de proclamer les valeurs évangéliques et d’encourager leur réalisation implique que nous dénoncions et condamnions les aspects négatifs (dans notre société) qui leur sont opposés comme l’injustice, la discrimination, la violence, l’oppression, la division, la concussion, la dictature, l’exploitation, la fraude, la pauvreté, l’illettrisme, les épidémies et la guerre. Nous devons dénoncer et condamner les régimes, les lois, les structures qui les font perdurer ou même les confortent. Si nous voulons que se développe le bien, il nous faut éradiquer le mal ». (…) « C’est sur ce front-là que doit s’exprimer et s’exercer la mission prophétique de l’Eglise et des chrétiens. C’est aussi en ce domaine que l’Eglise peut se heurter au désaccord, à l’opposition et quelquefois aux persécutions des détenteurs du pouvoir. Prudente mais résolue, l’Eglise, comme l’ont fait les missionnaires, doit avec courage accomplir sa mission. Le Seigneur Jésus a dit: ‘Si le monde vous hait, sachez que moi, il m’a pris en haine avant vous' » (16).
Ce n’est pas la première fois que les chrétiens de Saigon peuvent lire des textes rédigés et diffusés par l’administrateur apostolique de Hô Chi Minh-Ville, à qui les autorités civiles ont interdit toute activité religieuse sur le territoire du diocèse que Rome lui a confié. A la fin de l’année 1993 et au début 1994, il avait déjà rédigé trois lettres pastorales, dont une pour le temps de l’Avent, datée du 23 novembre 1993 (17), où il abordait aussi des problèmes de société et dénonçait le mensonge, la concussion, l’esprit de discrimination, la décadence morale et l’injustice sous toutes ses formesLes autorités lui ont plusieurs fois reproché d’avoir rédigé et diffusé ces instructions aux fidèles. Dans la longue liste d’infractions attribuées à Mgr Nghi par la municipalité de Hô Chi Minh-Ville le 3 mars 1994 (18), il était fait mention de ces lettres et l’on faisait grief à leur auteur d’avoir attribué la responsabilité de la situation du diocèse de Hô Chi Minh-Ville au pouvoir civil.
On ne connaît pas encore la réaction des autorités. Cependant, un membre de la Congrégation romaine pour l’évangélisation, de passage à Hô Chi Minh-Ville, lors d’une visite au bureau municipal des affaires religieuses, a été prié par ses hôtes de s’exprimer sur cette lettre. Il s’est contenté de répondre que les fléaux sociaux contre lesquels s’élevait Mgr Nghi étaient depuis longtemps l’objet de campagnes de dénonciation organisées par le gouvernement. Il n’y avait donc aucun sujet de désaccord entre le prélat et le gouvernement. D’ailleurs, a ajouté le visiteur romain, le pape lui-même, à de nombreuses reprises, s’en était pris aux mêmes maux.
Pour l’instant, aucune source vietnamienne ou romaine ne signale de progrès dans le réglement de l’affaire de l’administration du diocèse de Hô Chi Minh-Ville, qui oppose le gouvernement vietnamien au Saint-Siège. Celui-ci, au lendemain du décès de Mgr Nguyên Van Binh, avait confirmé Mgr Huynh Van Nghi dans ces fonctions d’administrateur (19). Depuis lors, le gouvernement vietnamien n’a exprimé publiquement aucun avis. Mais rien ne laisse supposer qu’il soit revenu sur ses positions.