Eglises d'Asie

Multiplication des protestations contre les récentes condamnations de religieux bouddhistes

Publié le 18/03/2010




De source bouddhiste en France , on apprend que les récentes arrestations des deux plus hauts dirigeants du bouddhisme unifié (25) ainsi que le procès intenté à six religieux et laïcs impliqués dans l’affaire de l’aide aux victimes des inondations (26) ont créé une certaine émotion parmi leurs coreligionnaires au Vietnam. Celle-ci s’exprime bien au-delà du cercle restreint du bouddhisme unifié, puisque des réactions ont été enregistrées à l’intérieur même des milieux qui adhèrent à l’Eglise bouddhique du Vietnam, créée en 1981 à l’initiative du Parti communiste et du Front patriotique pour supplanter l’ancienne Eglise.

Au mois d’août 1995 était déjà parvenue à Paris une lettre ouverte émanant de la province du Binh Dinh dans le Centre-Vietnam (27) et adressée aux principaux dirigeants du Parti, de l’Etat et du bureau des affaires religieuses. Cette lettre qui exige la remise en liberté du patriarche du bouddhisme unifié, le vénérable Thich Huyên Quang, était signée de la totalité des membres du Comité d’administration et de divers comités représentatifs de l’Eglise bouddhique de la province de Binh Dinh, qui est la province d’origine du patriarche aujourd’hui placé en résidence surveillée dans une pagode. Au total, il y avait 44 signatures.

La lettre souligne les mérites acquis par le patriarche durant la guerre pour l’indépendance et exprime son inquiétude pour sa situation actuelle dans la pagode Quang Phuoc dans le Quang Ngai (28) où il est totalement isolé et ne peut recevoir la visite de ses confrères. “Quelle humiliation pour nousdisent les religieux signataires. “Voilà que nos pagodes deviennent des prisons pour les religieux!”. La lettre s’achève par l’exposé des trois revendications présentées au gouvernement par les religieux de la province de Binh Dinh. Ils demandent qu’un procès public soit intenté au vénérable Thich Huyên Quang, que l’on puisse lui rendre visite et que finalement on libère tous les religieux aujourd’hui emprisonnés.

Selon d’autres sources locales de la province du Quang Ngai, le patriarche, dont la santé est fort altérée, est gardé dans une petite paillote édifiée en plein champ à 100 mètres de la pagode Quang Phuoc. On apprend aussi que le vénérable Thich Nhât Ban condamné à 4 ans de prison lors du procès du 15 août 1995 a entamé une grève de la faim pour protester contre les conditions dans lesquelles s’est déroulé le procès (29).