Eglises d'Asie

Rentrée scolaire : des infrastructures d’accueil dramatiquement insuffisantes

Publié le 18/03/2010




Le slogan choisi en cette année 1995 pour accompagner la rentrée scolaire vietnamienne, qui a eu lieu le 5 septembre, était: “Le jour où le peuple tout entier amène ses enfants à l’école” (20). Dès avant le jour fixé pour la reprise, beaucoup savaient que l’objectif proclamé par cette phrase ne pourrait être atteint non à cause de la mauvaise volonté des parents ou de l’impuissance des diverses autorités concernées mais faute d’infrastructures d’accueil suffisantes et à cause des effectifs trop peu nombreux du personnel enseignant. Les conditions de la rentrée scolaire 1995-1996 sont effectivement encore plus catastrophiques que les années précédentes (21).

La presse régionale et nationale en ce début de septembre est remplie de chiffres alarmants (22). Pour la seule ville de Hô Chi Minh-Ville, il manquera cette année 8 899 enseignants; le nombre de professeurs manquants a doublé par rapport à l’an dernier. Dans le pays tout entier, d’après le ministère de l’Education et de la Formation, lui-même, c’est 60 000 professeurs et instituteurs qui ont fait défaut pour l’année scolaire 1994-95. Pour l’année qui débute, il en manquera 100 000.

La situation n’est pas meilleure en ce qui concerne les bâtiments. Le nombre des salles de classe est insuffisant. Selon une déclaration du ministère de l’Education et de la Formation, pour accueillir les élèves cette année, il aurait fallu construire 50 000 salles de classe supplémentaires pour tout le pays, ce qui est loin d’avoir été le cas. A Hô Chi Minh-Ville où avaient été investis 112,96 milliards de dôngs (52 millions de francs) pour l’amélioration des bâtiments scolaires, la situation est particulièrement inquiétante. Comme les années précédentes, de nombreuses écoles seront obligées d’organiser ce qu’on appelle au Vietnam les “lop ba caà savoir des salles de classe ou se succèdent trois groupes d’élèves pendant une journée et où les professeurs répètent trois fois le même cours, la matinée, l’après midi et le soir. L’année dernière, ces classes à roulement avaient augmenté de 17 000 unités. Selon l’organe des Jeunesses communistes, Tuoi Tre, certaines écoles risquent même d’ouvrir des cours de nuit, faute de locaux pour accueillir les élèves dans la journée. La presse de Hô Chi Minh-Ville fait remarquer que, pendant ce temps, dans un arrondissement non précisé de la ville, on a détruit deux grandes écoles pour aménager un quartier commercial et touristique.

Cette insuffisance des structures d’accueil est ressentie cette année avec encore plus d’amertume. On sait que, au cours des dix dernières années, depuis la suppression de l’enseignement gratuit dans le secondaire et l’établissement de contributions financières dans le primaire, le nombre d’enfants non scolarisés n’a cessé de croître. Il était estimé dans la presse vietnamienne à plusieurs millions pour l’année scolaire précédente (23). Comme l’indique le slogan de rentrée, un effort particulier a été réalisé cette année pour remédier à cette situation et entraîner toute la population en âge scolaire (de 6 à 14 ans) dans les écoles. Ainsi les autorités du 10ème arrondissement de Hô Chi Minh-Ville avaient fait en sorte que les 3 200 enfants en âge d’étudier en première classe du primaire soient tous présents le jour de la rentrée sans qu’il en manque un. A Thu Duc, grande banlieue de Hô Chi Minh-Ville, les responsables s’étaient donné comme objectif de faire entrer à l’école 99 % des enfants de 6 ans. Dans le district du Hô Nai n° 1 (24) dont la population est à 99 % catholique et où la scolarisation est très forte, quelques jours avant le 5 septembre, les responsables se demandaient comment la population scolaire qui a beaucoup augmenté cette année pourrait trouver place dans des établissements trop étroits: deux écoles secondaires, deux écoles primaires et deux écoles maternelles dont l’une est tenue par des soeurs amantes de la croix.

Cependant, selon la presse vietnamienne, le problème de l’insuffisance des locaux est moins grave que celui de la rareté du personnel enseignant. Un peu partout en banlieue comme en ville, se sont construites des installations de fortune pour accueillir les élèves. Mais jusqu’au dernier moment, en beaucoup d’endroits, le mystère subsistait sur l’identité de ceux qui allaient y dispenser l’enseignement.