Eglises d'Asie

Asie du sud-est: le rapatriement volontaire des demandeurs d’asile vietnamiens est dans l’impasse

Publié le 18/03/2010




Une réunion exceptionnelle a été convoquée à Genève par le Haut-commissariat pour les réfugiés. Elle rassemblera des représentants officiels des pays de premier asile de l’Asie du sud-est pour des travaux qui dureront une semaine, du 12 au 20 octobre 1995. Les participants prendront acte de l’impasse où se trouve actuellement le programme de rapatriement des quarante mille réfugiés encore présents dans les divers camps, dont la moitié se trouve à Hongkong. Ils chercheront aussi les moyens de l’en tirer. Cependant, cette réunion ne pourra être que consultative; seul, le comité directeur de la conférence internationale sur les réfugiés d’Indochine peut prendre des décisions exécutoires. Celui-ci ne se réunira qu’au mois de décembre.

Au mois de mars 1995, ce même comité, en partie sous la pression de la Chine, avait décidé de hâter les choses et de vider les camps de réfugiés pour la fin de l’année 1995. Dans cette perspective, un programme ambitieux de rapatriement avait été mis sur pied, prévoyant 3 600 retours au Vietnam par mois dont une moitié en provenance de Hongkong. A ce rythme, le rapatriement devait être terminé à la fin de l’année pour la plupart des camps du sud-est asiatique, et vers la moitié de l’année 1996 pour ceux de Hongkong. Or, l’échec à tenir ce rythme est d’ores et déjà flagrant. De janvier à septembre 1995, il n’y a eu que 1 245 boat-people à quitter volontairement Hongkong pour le Vietnam. Les quelques départs forcés qui ont eu lieu n’ont touché que peu de personnes. Pour la même période l’année précédente, il y avait eu 4 285 départs pour le Vietnam.

Pour le moment, les responsables du Haut-commissariat semblent ne pas avoir de solutions toute faites. Officiellement du moins, on ne parle plus guère aujourd’hui de rapatriement forcé. Par ailleurs, la porte-parole du Hautcommissariat, Ruth Marshall, dans une déclaration faite à Genève, affirmait qu’il n’était pas question de prendre de nouvelles mesures incitatives, telles que celles qui consistent par exemple à augmenter de 50 ou 100 dollars la prime au départ. Par contre, il se pourrait que les Etats-Unis soient encouragés à développer un projet qui, pour le moment, est connu sous le nom de “Track Two” (deuxième voie). Ce projet qui a pris naissance il y a quelques mois à la chambre des représentants avait pourtant été fort mal accueilli aussi bien par les autorités de Hongkong que par les responsables du Haut-commissariat, qui l’accusaient d’avoir été à l’origine de la résistance actuelle des boat-people au rapatriement volontaire.

C’est aujourd’hui le Département d’Etat qui étudie les modalités possibles de cette seconde chance donnée aux demandeurs d’asile qui ont été déboutés une première fois par les services d’immigration des pays de premier asile. Avant tout rapatriement éventuel, ils pourraient à nouveau être présentés à la procédure du “Tri” (screening) organisée cette fois-ci par des fonctionnaires américains chargés d’examiner si les intéressés remplissent les conditions nécessaires à un établissement aux Etats-Unis.