Eglises d'Asie

En proie à la famine, la Corée du Nord sollicite une aide humanitaire de l’étranger

Publié le 18/03/2010




Pour la première fois depuis la création de la République démocratique populaire de Corée du Nord, il y a cinquante ans, les dirigeants du pays ont fait appel à l’aide humanitaire extérieure. La menace d’une famine nationale consécutive à des inondations d’une gravité exceptionnelle a poussé les dirigeants du pays a rompre l’isolement traditionnel de leur pays. Deux délégations, venues sur place constater et estimer les dégâts dès la fin du mois d’août, se sont félicitées de l’accueil que leur ont réservé les dirigeants coréens. L’une d’elles conduite par un Suédois, Oleda Algren, avait été envoyée par les Nations Unies à qui la Corée du Nord avait adressé son appel. L’autre délégation émanait de la Caritas de Hongkong.

Les inondations qui se sont produites durant les mois de juillet et d’août ont, selon le gouvernement coréen, couvert 75 % des terres du pays et affecté gravement au moins un quart de la population qui s’élève à 22 millions d’habitants. Plus de 500 000 personnes ont été forcées par les eaux à abandonner leurs habitations. Selon des observateurs de Corée du Sud, les inondations ont compromis définitivement une grande partie de la récolte de riz et de céréales et l’on estime à 3,87 millions de tonnes la quantité de grain qui va faire défaut cette année, ce qui est l’équivalent de la moitié de la consommation annuelle de la Corée du Nord. A cette menace de famine s’ajoute la crainte d’une épidémie de choléra. Les autorités de la Russie d’extrêmeorient ont même fermé leur frontière commune avec la Corée du Nord pour empêcher la progression de l’épidémie. Certaines agences russes ont fait état de 1 000 victimes du choléra en Corée du Nord. Cependant la représentante de la Caritas de Hongkong, interrogée à ce sujet à son retour de Corée du Nord, s’est contenté de répondre que le choléra n’apparaissait pas comme un problème dans les régions visitées par elle. Selon l’organisation mondiale de la santé, aucun cas de choléra n’aurait été signalé en Corée du Nord (1).

Un peu partout dans le monde, organisations internationales, gouvernements et ONG ont pris des initiatives destinées à répondre à l’appel lancé par la Corée du Nord. Les Nations Unies ont décidé de concentrer leurs efforts sur les 500 000 sans abri et ont demandé à la communauté internationale de leur fournir de l’aide pour une valeur de 15 millions de dollars (2). Dès le 19 septembre, une aide en nature (couvertures et ustensiles de cuisine) avait été fournie aux sinistrés de la région de Sinuyu au nord de Pyongyang par l’organisation internationale (3). La Caritas de Hongkong, de son côté, a lancé un appel en faveur des victimes de la famine en Corée du Nord et compte envoyer les premières cargaisons d’aide au début du mois d’octobre. Le Japon a fait parvenir aux Nations Unies une somme de 500 000 dollars et, selon la presse du pays, serait prêt à accorder une aide d’urgence de 15,7 millions de dollars. Pour sa part, la Croix-Rouge internationale a demandé à ses membres de fournir une aide en vivres et en espèces d’une valeur totale de 4,5 millions de dollars.

Cependant c’est en Corée du Sud que l’émotion a été la plus grande. Le 15 septembre dernier, la Croix-Rouge de Corée du Sud a proposé aux autorités de Corée du Nord de lui fournir des secours et de l’aide (4). Dans un message radio envoyé à son homologue de Corée du Nord, le président de la Croix-Rouge de Corée du Sud précisait: « Si nos concitoyens nous demandent de nous faire les intermédiaires pour vous fournir des secours pour les victimes des inondations, nous les ferons parvenir à votre Croix-RougeIl lui demandait aussi de lui faire connaître les moyens par lesquels cette aide serait acheminée. La Croix-Rouge de Corée du Sud est d’ores et déjà prête à envoyer au nord une aide d’une valeur de 50 000 dollars. Par ailleurs, le ministre sud-coréen de l’unification a fait savoir que son gouvernement était disposé à envoyer davantage de secours si le Nord en faisait la demande officielle.