Eglises d'Asie

Réunion en Thaïlande d’un synode asiatique sur les “peuples indigènes”

Publié le 18/03/2010




Du 3 au 8 septembre 1995, s’est tenue à Hua Hin (Thaïlande) une conférence asiatique des “peuples indigènes”. Elle était organisée par le Bureau pour l’évangélisation de la FABC (Fédération des conférences épiscopales d’Asie). 45 personnes venues de 10 pays asiatiques ont participé à la réunion. Une quinzaine d’entre elles appartenaient à des groupes “indigènes”.

La conférence a défini le terme “peuples indigènes” comme désignant “ceux qui vivaient sur leurs terres avant que des nouveaux-venus n’arrivent d’ailleurs, ces derniers devenant le groupe dominant, par conquête, occupation ou simple installation sur place”. Les participants ont rejeté les termes “tribus”, “aborigènes”, laissant soupçonner chez ceux qui les emploient un certain sentiment de supériorité. Ils ont préféré le terme “peuples indigènes” qui, pour eux, rend mieux compte de leur réalité. Le terme indien “adivasi” qui signifie “ceux qui sont là depuis toujoursleur paraît convenir le mieux.

A la fin de la réunion, plusieurs recommandations ont été faites à l’intention des Eglises locales du continent asiatique. On a réclamé la création d’un annuaire donnant la liste des évêques, prêtres, religieux et leaders laïcs appartenant à des groupes “indigènes”, ainsi que celle des centres pastoraux établis en divers pays pour servir ces groupes. Les participants ont souhaité de plus que, lors du prochain synode asiatique, la priorité soit accordée aux “peuples indigènes”. Ils ont aussi proposé à la FABC de créér un bureau spécial pour eux.

Les membres de la conférence ont fait remarquer que, de même que l’Eglise est entrée en dialogue avec les grandes religions asiatiques telles que le bouddhisme, l’hindouisme, l’islam, elle doit en faire autant avec les religions traditionnelles des “peuples indigènes” de l’Asie. Une telle attitude aiderait à faire reconnaître leur dignité. Et elle pourrait encourager les chrétiens à porter une plus grande attention à des questions comme l’écologie, la vie en communauté, la célébration des joies et des peines de la vie.

On a insisté encore sur la nécessité pour les chrétiens, non seulement d’évangéliser les “peuples indigènes”, mais de se laisser évangéliser par eux. En vivant leur engagement chrétien dans leur propre contexte culturel, les “peuples indigènes” deviendront des agents actifs et non plus seulement des objets passifs de l’évangélisation. Le rôle des parents, en particulier des mères de famille, a été spécialement mis en exergue: celles-ci devraient inculquer à leurs enfants les valeurs chrétiennes, tout en préservant leur identité culturelle, leur langue, leur fierté ethnique, leur manière de vivre, traditionnelle. Certains sont allés jusqu’à dire que “l’avenir de l’Eglise en Asie dépend des peuples indigènes et l’avenir des peuples indigènes dépend de l’Eglise”.

Sur un plan plus négatif, rappelant comment, même dans l’Eglise, les “peuples indigènes” ont souvent été marginalisés ou traités avec condescendance, quelques-uns ont demandé que des responsables ecclésiastiques leur présentent des excuses.

Plusieurs études présentées à la conférence ont soulevé des questions d’identité, de langue, de culture, mais aussi des problèmes de justice. On a rappelé, par exemple, que souvent les “peuples indigènes” perdent leurs terres ancestrales au pofit des grosses organisations industrielles ou autres. Quand ils trouvent du travail au service de ces organisations, leurs salaires sont souvent inférieurs à ceux des autres employés. La destruction des forêts, des lieux de pêche en mer, menace l’existence même des “peuples indigènes”. De toute façon, à cause de toutes ces intrusions, leur vie en symbiose avec la nature tend à disparaître.

En certains pays, les “peuples indigènes” sont considérés comme des citoyens de seconde zone; ils n’ont que difficilement accès au marché du travail, à l’éducation, aux soins de santé. Leurs relations avec les majorités “non aborigènes” sont souvent marquées au coin d’une méfiance réciproque. Les rites, les croyances traditionnelles, des “peuples indigènes” ne sont pas encore assez connus. S’ils l’étaient, un travail d’inculturation pourrait vraiment se faire.