Eglises d'Asie – Divers Horizons
RAPPORT ET RECOMMANDATIONS DE LA CONFERENCE SUR L’EVANGELISATION DES PEUPLES INDIGENES EN ASIE
Publié le 18/03/2010
La conférence nous a donné l’occasion de partager nos expériences, de réfléchir ensemble sur l’histoire de l’évangélisation parmi les peuples indigènes de l’Asie, sur les difficultés rencontrées, sur l’avenir qui nous attend. Cette rencontre est venue au bon moment, alors que la communauté internationale s’interroge sur la situation des peuples indigènes dans le monde. Le fait que beaucoup des participants appartiennent eux-mêmes à des groupes indigènes a donné un sens plus grand aux débats.
Plusieurs études ont été présentées: sur la culture des peuples indigènes, sur la façon dont ils regardent le monde ainsi que la morale et la foi chrétiennes, sur les religions traditionnelles, sur ce que l’évangélisation doit être à l’avenir. Ces études nous ont fourni une base de réflexion. Nous avons aussi entendu des rapports sur l’histoire de l’évangélisation parmi les peuples indigènes à travers l’Asie, sur les problèmes rencontrés, les méthodes employées. Cela a aidé les participants à prendre conscience du grand nombre de groupes indigènes qui existent à travers l’Asie. Nous avons reçu une information de première main sur les efforts qui ont été consentis, parfois au milieu de grandes épreuves imposées par le monde séculier aussi bien que par les religions, pour annoncer la Bonne Nouvelle à tous sur le continent asiatique.
Au cours de nos discussions, nous avons essayé de concentrer notre attention sur la recherche de lignes d’approche plus concrètes. Nous sommes convaincus qu’au cours des siècles Dieu a parlé aux peuples indigènes par l’intermédiaire de leurs cultures. Ce que nous cherchons, par conséquent, c’est une nouvelle évangélisation qui aille au coeur de ces cultures, une rencontre profonde entre les valeurs fondamentales des peuples indigènes et la foi venue de la Bible.
Notre réflexion commune nous a permis de constater que notre Eglise a grandi et continue de grandir plus spécialement au sein des peuples indigènes. Si nous étudions l’histoire de chaque Eglise locale, nous verrons que des missionnaires sont venus d’Eglises riches d’une plus longue tradition chrétienne; mais nous constaterons aussi que nos peuples indigènes ont participé et continuent de participer à ce travail d’évangélisation. Le succès de l’évangélisation chez les peuples indigènes doit beaucoup aux laïcs. Ces derniers ont subi de grandes épreuves pour témoigner de leur foi et amener les autres au Christ. Le monde des peuples indigènes asiatiques est, dans sa variété, riche de promesses. Il continue de poser un défi aux évangélisateurs chrétiens et les invite à renouveler leur engagement dans ce travail immense qui consiste à vivre l’Evangile et à porter témoignage dans le contexte des cultures indigènes.
Au cours de la conférence, nous avons fait l’expérience de la communion et de la solidarité entre nous. L’Evangile a été notre source d’inspiration et nous nous sommes aidés mutuellement à renouveler notre engagement dans l’oeuvre d’évangélisation intégrale des peuples indigènes en Asie, ces peuples auxquels l’avenir de l’Eglise en cet immense continent est lié. Mûs par le même Esprit de communion et de vitalité dans l’Eglise, nous invitons les leaders des Eglises locales en Asie – évêques, prêtres, religieux, laïcs – à s’unir pour aider nos frères et soeurs indigènes à progresser. Pour cela, nous avons besoin de partager nos expériences, de réfléchir ensemble à nos soucis communs, de préparer ensemble des projets communs et de les évaluer.
Le Seigneur a promis d’être avec son peuple jusqu’à la fin des temps: puisse-t-il continuer de nous envoyer son Esprit et que celui-ci nous remplisse de courage et nous éclaire. Que Marie, la Mère de l’Eglise, l’étoile qui guide l’évangélisation et notre Mère à tous, nous accompagne au long de notre pèlerinage.
RECOMMANDATIONS
1. Nous croyons que l’évangélisation des peuples indigènes en Asie est un devoir urgent pour les Eglises en Asie.
2. l’Eglise devrait soutenir le droit des peuples indigènes à exister et à être eux-mêmes. Nous devrions être avec eux dans leur lutte pour vivre pleinement et devenir des citoyens à part entière de leurs pays respectifs, sans pour cela perdre leur identité.
3. Nous devons promouvoir une connaissance plus approfondie des peuples indigènes et de leur histoire. Cette étude devrait être encouragée à la fois parmi les peuples indigènes eux-mêmes et parmi les groupes majoritaires. Ainsi tous pourront comprendre l’identité des peuples indigènes et leur contribution à la société. L’Eglise devrait éveiller les peuples indigènes au danger qui les menace de perdre leurs langues, leurs cultures, leurs expressions religieuses traditionnelles. Par le moyen d’une analyse sociale et culturelle, les peuples indigènes prennent conscience de leur situation, ils comprennent comment et pourquoi ils sont arrivés là où ils se trouvent. Cette analyse leur permettra de faire une évaluation critique de leur culture et de prendre les décisions qui s’imposent pour leur avneir.
4. L’éducation des peuples indigènes doit être adaptée aux besoins actuels, leur donner une formation formelle et informelle, vocationnelle, professionnelle. L’analphabétisme est le problème de base auquel il faut s’attaquer, par le moyen de programmes adaptés. L’éducation doit aider les peuples indigènes à se sentir à l’aise et à réussir dans une culture plus large. Alors seulement pourront-ils revenir vers leurs propres peuples pour les sauver. Nous devons aussi donner aux membres éduqués des peuples indigènes le sens de leurs responsabilités, pour éviter qu’ils ne se servent des outils mis à leur disposition par l’éducation, pour opprimer leurs frères.
5. Dans le but de promouvoir chez les peuples une vraie vie de prière et de foi, nous devons faire l’inventaire de leurs mythes religieux, de leurs rites, de leurs symboles, de leur poésie, de leurs proverbes et les étudier.
6. L’Eglise doit combler le vide rituel que les gens ressentent parfois lorsqu’ils passent des religions traditionnelles au christianisme. Pour cela, il faut aider les chrétiens indigènes à faire profondément l’expérience du christianisme comme source d’épanouissement de leur vie. On
pourrait adopter dans ce but certains rites de bénédictions.
7. Nous encourageaons le Forum de la FABC pour la liturgie en Asie, à mettre à l’étude le renouvellement et l’inculturation de la liturgie dans le contexte des cultures indigènes.
8. Les laïcs ont toujours joué et continuent de jouer un rôle primordial dans le travail d’évangélisation. Il faut mettre au point des programmes pastoraux et des cours de formation afin de promouvoir le rôle des laïcs comme évangélisateurs.
9. Il faut apporter un soin pastoral particulier aux peuples indigènes qui doivent quitter leur environnement traditionnel pour aller habiter en ville, où ils se trouvent coupés de leurs propres cultures.
10. Nous devons nous opposer aux lois qui oppriment les peuples indigènes ou sont sources de discrimination contre eux. Nous devons aussi leur dire leurs droits en ce qui concerne leurs terres. Nous devons former des leaders indigènes qui soient bien équipés pour la lutte en faveur des droits de leurs frères en particulier en ce qui concerne leurs terres.
11. Il faudrait faire un annuaire donnant la liste de tous ceux qui travaillent à l’évangélisation des peuples indigènes.
13. Là où cela n’a pas encore été fait, nous recommandons que les conférences épiscopales mettent sur pied des commissions chargées des intérêts des peuples indigènes. Et là où le besoin s’en fera sentir, des commission diocésaines devraient être établies.
14. Afin de continuer le travail, le Bureau pour l’évangélisation de la FABC devrait organiser une consultation sur les peuples indigènes. Celle-ci aurait lieu de préférence dans une ambiance indigène. Et le Bureau devrait se charger de publier et de répandre les débats de la présente conférence.
15. Les questions relatives aux peuples indigènes devraient figurer en priorité dans le programme du prochain synode asiatique.
16. Il faut poursuivre, au plan national comme au plan international, le dialogue avec les religions traditionnelles de l’Asie.
17. Afin que ces recommandations puissent passer dans la pratique, nous demandons à la FABC d’explorer la possiblité de la création éventuelle d’un Bureau pour les peuples indigènes.