Eglises d'Asie

Saigon : La conférence épiscopale a demandé au premier ministre que Mgr Huynh Van Nghi puisse exercer ses fonctions d’administrateur apostolique

Publié le 18/03/2010




Si l’on en croit le texte de leur communiqué (8), lors de leur rencontre du 29 septembre 1995 avec le premier ministre, les évêques étaient “désireux de voir l’Eglise jouir de conditions nouvelles lui permettant de répondre aux exigences de rénovation du pays” et voulaient, semble-t-il, éviter le formalisme qui, d’habitude, entoure ce rendez-vous annuel avec le chef du gouvernement. Le texte de la lettre de requête qui a été remise à M. Vo Van Kiêt à cette occasion renforce cette impression. Elle est franche et sans détour et témoigne du nouveau rôle que tient à assumer la Conférence épiscopale face au gouvernement. Elle est signée, pour la dernière fois, par Mgr Nguyên Minh Nhât.

La lettre, après s’être réjouie des réponses favorables qui ont été faites aux précédentes demandes, ne cache pas l’insatisfaction actuelle de l’épiscopat vietnamien: “La majorité des problèmes exposés par nous sont restés sans réponse”. Une telle situation, ajoutent les évêques, enlève beaucoup de son pouvoir persuasif à la politique religieuse du gouvernement.

Sont ensuite passés en revue les grands problèmes qui se posent à l’Eglise d’aujourd’hui, dont la solution est entre les mains des autorités civiles: la nomination et le déplacement des curés, l’absence de toute presse catholique (9), la distinction inutile entre activités religieuses ordinaires et extraordinaires, l’impossibilité pour l’Eglise de travailler dans le domaine de l’éducation, de l’action sociale et de la santé, les divers obstacles mis aux activités et au développement des congrégations religieuses au Vietnam. Deux séminaires supplémentaires sont demandés, l’un pour le Nord, l’autre pour le Sud, ainsi que la création d’établissements propédeutiques préparant les candidats au grand séminaire. La lettre renouvelle le souhait que certains établissements d’Eglise, confisqués lors de l’installation du régime soient rendus à l’Eglise, en particulier l’ancien séminaire pontifical de Dalat.

Par ailleurs, la lettre au premier ministre semble indiquer que la Conférence épiscopale, dans une certaine mesure, a l’intention de prendre le relais du Saint-Siège dans les négociations préliminaires aux nominations de nouveaux évêques. En premier lieu, sans aucune ambiguïté, ils prient le premier ministre de donner à l’évêque nommé par Rome à Hô Chi Minh-Ville, Mgr Huynh Van Nghi, la possibilité d’exercer ses fonctions d’administrateur. Puis, ils indiquent au gouvernement quels sont les candidats qui pourraient lui être présentés à l’avenir pour faire fonction d’évêque coadjuteurs ou auxiliaires.

Selon le communiqué des évêques qui n’entre pas dans les détails, le premier ministre, dans sa réponse, a promis d’étudier toutes les demandes et de donner une réponse rapide à celles qui étaient en accord avec le droit et la constitution. C’est aussi ce que rapporte une dépêche de l’Agence Vietnam-Presse (10) relatant cette entrevue. Cependant, la dépêche précise en même temps l’opposition absolue du chef de l’exécutif vietnamien à l’une des requêtes, celle qui concerne l’administrateur apostolique de Hô Chi Minh-Ville. M. Vo Van Kiêt a réitéré l’opposition du gouvernement à la nomination de Mgr Huynh Van Nghi à Hô Chi Minh-Ville. Cette décision prise par le Saint-Siège en août 1993 est qualifiée par lui d’inamicale. Elle violerait la souveraineté nationale et serait en opposition avec la législation vietnamienne.