Eglises d'Asie

TRAVAUX DU CONGRES ANNUEL DE LA CONFERENCE EPISCOPALE DU VIETNAM

Publié le 18/03/2010




Communiqué

de la Conférence épiscopale du Vietnam

Hanoi, le 1er octobre 1995

Nous, les évêques, réunis à Hanoi, du 25 septembre 1995 au 1er octobre 1995, pour notre congrès annuel, envoyons nos affectueuses salutations à nos frères prêtres, aux religieux et religieuses, aux séminaristes et à l’ensemble des fidèles de tout le pays.

Nous vous remercions, frères et soeurs, d’avoir prié pour nous et de vous être unis à nous pendant la durée du congrès. Nous recommandons spécialement à vos prières les six évêques qui, à cause de leur âge et de leur santé, n’ont pu participer à cette réunion. Quant à nous, les 26 évêques présents, selon la coutume, nous avons fait précéder les travaux du congrès par une récollection.

Les nombreux échanges au sujet des activités des divers diocèses nous ont remplis de joie et de reconnaissance envers le Seigneur qui a réalisé une oeuvre admirable à l’intérieur de l’Eglise du Vietnam, plus particulièrement, au cours des quinze années écoulées depuis la fondation de la Conférence épiscopale.

Nous avons pris acte aussi des nombreuses insuffisances qui empêchent le visage de l’Eglise en notre pays de refléter dans sa totalité la sainte et rayonnante physionomie du Christ. Cette reconnaissance et ce repentir, nous voudrions que tous les membres du peuple de Dieu les partagent, d’autant plus que nous nous avançons vers l’an 2000, une année sainte.

Pour célébrer cet anniversaire solennel, le Saint Père a publié la lettre apostolique: “A l’aube du troisième millénaireNous souhaitons que vous lisiez tous ce document si important et que vous en discutiez entre vous pour saisir les motifs et la signification de cette

année sainte, vous pénétrer de son esprit, connaître la façon de vous y préparer et de la célébrer. Nous joignons à cette lettre le texte d’un document qui vous aidera à comprendre la lettre apostolique du Saint Père. Dans les jours qui viennent, si c’est possible, le bureau de la Conférence épiscopale annoncera la création d’un Comité de l’Année sainte (année 2000) qui, en collaboration avec tous les diocèses, mettra en route cette préparation et cette célébration. Nous espérons qu’à ce moment-là, le bureau permanent de la Conférence, élu au cours de ce Congrès, aura commencé à fonctionner, ce qui créera pour tous les membres du peuple de Dieu des conditions favorables à une participation encore plus active aux activités de l’Eglise au Vietnam.

Désireux de voir l’Eglise jouir de conditions nouvelles lui permettant de répondre aux exigences de rénovation du pays, nous avons demandé à rencontrer le chef du gouvernement pour le saluer et lui exposer un certain nombre de problèmes concernant la vie des diocèses. Le premier ministre nous a reçu dans l’après-midi du 29 septembre 1995. La rencontre s’est déroulée dans un climat de compréhension et d’ouverture. Le premier ministre a promis qu’il ferait étudier nos demandes et donnerait une réponse rapide à celles qui étaient en accord avec la constitution et le droit du pays.

Nous vous saluons tous affectueusement, frères et soeurs et formulons pour vous des voeux de bonne santé et de paix en Jésus-Christ.

Pour la Conférence épiscopale

Mgr P. Nguyên Minh Nhât, président

Mgr E. Lê Phong Thuân, secrétaire général.

Rapport au Bureau des Affaires religieuses du gouvernement

au sujet de la réunion de la Conférence épiscopale pour l’année 1995

Hanoi, le 1er octobre 1995

1 – La Conférence épiscopale du Vietnam, avec l’accord de l’Etat s’est réunie pour son congrès annuel à Hanoi du 25 septembre au 1er octobre 1995. Etaient présents 26 cardinaux et évêques. Les six évêques dont les noms suivent étaient absents en raison de leur grand âge ou pour cause de maladie: Mgr Bui Chu Tao, évêque de Phat Diêm, Mgr Nguyên Khac Ngu, évêque de Long Xuyên, Mgr Pham Van Thiên, ancien évêque de Phu Cuong, Mgr Nguyên Van Mâu, évêque de Vinh Long, Mgr Nguyên Van Nam, évêque de My Tho, Mgr Pham Van Nam, évêque auxiliaire de Hô Chi Minh-Ville.

2 – Le bureau permanent et les commissions se sont réunis dans la matinée du 25 septembre pour établir le programme des travaux. Dans l’après-midi, le président et le secrétaire général de la Conférence sont allés saluer le Bureau des affaires religieuses du gouvernement. Ils lui ont aussi communiqué le programme. Le président a fait mention de la visite des évêques aux tombeaux de Saints Pierre et Paul, prescrite par la loi de l’Eglise. Le Bureau des affaires religieuses a promis son aide pour régler cette affaire.

3 – Les évêques ont réservé une part du temps du congrès à une récollection.

4 – Le congrès a procédé à une révision du projet de statuts de la Conférence.

5 – Le congrès a écouté les rapports des diocèses. D’une manière générale, les fidèles ont une bonne pratique religieuse, participent avec enthousiasme aux activités de bienfaisance, aux oeuvres sociales, à l’édification et à la défense de la Patrie.

6 – Les commissions ont fait leur rapport:

– La commission de la liturgie est sur le point d’achever le missel des fidèles et les livres de lectures du Missel.

– La commission des prêtres, religieux, religieuses et séminaristes a présenté un

rapport sur le synode mondial des évêques dont le sujet était la vie religieuse dans le monde et dans l’Eglise d’aujourd’hui, un rapport sur la réunion de Nha Trang qui a rassemblé les représentants des directeurs et des professeurs des grands séminaires du Vietnam.

7 – Dans l’après-midi du 29 septembre, à 15 heures, la Conférence épiscopale est venue saluer le chef du gouvernement et lui a présenté une requête abordant de nombreux problèmes concernant le personnel, les activités pastorales ainsi que les divers établissements d’Eglise dans tout le pays. Le premier ministre en a pris note et a promis un rapide règlement.

8 – La conférence épiscopale a élu le Bureau permanent pour un mandat de trois ans: il comprend les membres suivants:

Président : Cardinal Pham Dinh Tung

Premier vice-président: Mgr Huynh Van Nghi.

Second vice-président: Mgr Nguyên Van Hoà.

Secrétaire général: Mgr Nguyên Son Lâm, aidé:

d’un adjoint pour l’archidiocèse de Hanoi: Mgr Lê Dac Trong

d’un adjoint pour l’archidiocèse de Hô Chi Minh-Ville: Mgr Pham Minh Mân

d’un adjoint pour l’archidiocèse de Huê, Mgr Trân Thanh Chung

Président de la commission de la liturgie, Mgr Lê Phong Thuân

Président de la Commission des prêtres, religieux, religieuses et séminaristes, Mgr Nguyên Nhu Thê

Président de la Commission du laïcat, Mgr Nguyên Van Sang

Le congrès s’est achevé le 30 septembre 1995

Nous souhaitons beaucoup de succès à votre bureau.

Mgr Emmanuel Lê Phong Thuân

Secrétaire général de la Conférence épiscopale

Lettre de la Conférence épiscopale à monsieur Vo Van Kiêt,

chef du gouvernement de la République socialiste du Vietnam

Hanoi, le 1er octobre 1995

Monsieur,

Du 26 septembre au 2 octobre 1995, les évêques du Vietnam se sont réunis en congrès pour la sixième fois. Ils tiennent à vous saluer et à vous exposer les suggestions suivantes.

1 – Voilà déjà quinze ans, depuis sa fondation, que fonctionne la Conférence épiscopale du Vietnam. Nous vous avons déjà présenté cinq textes contenant nos sug-gestions et nos desiderata. Ils exposaient les difficultés que nous rencontrions dans l’application de la politique de liberté de croyance du gouvernement. Pour une part, vous avez donné une réponse et une solution aux problèmes exposés dans nos requêtes, comme par exemple, les déplacements des prêtres et des évêques pour leurs tâches pastorales, la création du grand séminaire de Huê, la préparation des candidats séminaristes. Cependant, la majorité des problèmes exposés par nous sont restés sans réponse, ce qui a rendu plus difficile notre tâche pastorale ainsi que la vie religieuse des fidèles et a enlevé beaucoup de son pouvoir persuasif à la politique de liberté de croyance du gouvernement.

2 – A l’occasion de la cinquantième fête nationale du Vietnam, les organisations et les communautés de la société se sont rénovées dans l’enthousiasme, en se donnant des conditions d’activités nouvelles permettant l’ouverture et faisant espérer l’obtention de résultats satisfaisants. L’Eglise catholique du Vietnam désire bénéficier de conditions analogues pour pouvoir développer toutes ses capacités et apporter sa contribution à l’édification d’un Vietnam où règneront la justice, la civilisation et le progrès.

La pastorale

1 – Les évêques, grâce à votre aide, devraient obtenir la liberté de nommer et de déplacer les prêtres, les religieux et religieuses dans leurs diocèses en conformité avec le Droit Canon et dans l’esprit de la réponse faite par le gouvernement, le 18 février 1994: “La nomination et le changement de poste des prêtres dans les diocèses sont déterminés par les exigences du travail dans le diocèse; cependant pour faciliter la tâche administrative des autorités locales, il convient d’en discuter avec elles et d’obtenir leur assentiment” (1). En réalité , dans de nombreuses régions, loin d’être soumises à la discussion, ces nominations dépendent de la volonté ainsi que du jugement subjectif et arbitraire des autorités locales.

2 – Il ne convient pas de faire une distinction entre les activités religieuses ordinaires et extraordinaires (2), car il n’existe qu’un type d’activité religieuse. C’est pourquoi, toute activité religieuse devrait pouvoir se dérouler sans qu’il soit besoin de la faire enregistrer, en demander l’autorisation, à condition qu’elle soit purement religieuse et ne soit pas opposée à la législation de l’Etat. Si ce principe était accepté, on éviterait beaucoup de tensions inutiles entre l’Eglise et les autorités civiles, particulièrement dans les régions reculées.

3 – La Conférence épiscopale doit pouvoir éditer une revue d’information, rendant compte de ses activités, et exposant la doctrine de l’Eglise. Depuis sa fondation, il y a quinze ans, la Conférence épiscopale ne possède pas un journal catholique officiel. Voilà de nombreuses années que cette proposition a été faite, sans qu’elle ait reçu de réponse. Cela entraîne l’opinion publique, à l’intérieur du pays et à l’étranger, à ne pas faire véritablement confiance à la politique de liberté de croyance du gouvernement.

4 – Les diocèses, les paroisses, les congrégations religieuses doivent pouvoir obtenir facilement l’autorisation d’apporter leur contribution à l’éducation des enfants et des jeunes gens, au soulagement des pauvres et des malades, en ouvrant des écoles à tous les niveaux, des établissements sociaux, comme des hôpitaux, des léproseries, des maisons pour handicapés, des maisons de retraite.

Problèmes de personnel

1 – Nous sollicitons votre aide pour rajeunir l’épiscopat vietnamien. Selon les statistiques, leur âge moyen se situe entre 69 et 78 ans. Ce rajeunissement peut se réaliser ainsi:

a – En acceptant prioritairement et rapidement les nominations du Saint-Siège pour les diocèses encore sans titulaire, comme le diocèse de Phu Cuong, le diocèse de Hung Hoa. Pour ce qui concerne le diocèse de Hô Chi Minh-Ville, nous demandons que Mgr Huynh Van Nghi puisse exercer ses fonctions d’administrateur apostolique en attendant une solution.

b – Pour les diocèses dont les évêques principaux sont malades ou très vieux, ou encore ont besoin d’un auxiliaire ou d’un coadjuteur, comme par exemple à Bui Chu, Hai Phong, Lang Son, Qui Nhon, Da Nang, Thai Binh, les candidats peuvent être choisis en priorité parmi les gens du diocèse si les conditions le permettent; sinon, ils pourront être choisis parmi les personnes originaires de ce diocèse et travaillant dans un autre. En dernier ressort, on pourra choisir un candidat dans n’importe quel diocèse du pays.

2 – Pour remédier à la pénurie de prêtres dans tout le pays, et surtout au Nord, il faut créer des conditions favorables à la formation de prêtres en autorisant l’ouverture de séminaires supplémentaires; mais il convient aussi d’accorder aux prêtres religieux, reli-gieuses de n’importe quel diocèse l’autorisation de venir apporter leur aide à la tâche pastorale de leur diocèse d’origine, périodiquement ou définitivement, à condi-tion que la hiérarchie locale ait manifesté son accord.

3 – Il importe de créer les conditions nécessaires pour que les congrégations et les ordres religieux puissent élargir le champ de leurs activités, et accueillir de nouveaux sujets. Les diocèses doivent obtenir l’autorisation de restaurer les congrégations originaires de ces diocèses ou encore d’accueillir des congrégations nouvellement fondées.

4 – Pour que disparaissent véritablement et rapidement les anciens complexes et que le passé soit oublié, nous proposons que les prêtres, religieux et religieuses de retour de rééducation puissent reprendre rapidement et aisément leur travail pastoral, car, actuellement, un certain nombre d’entre eux dans quelques diocèses, résident encore, en attendant, dans des maison privées.

5 – Puisque le “curriculum vitae” des séminaristes a déjà été examiné par les autorités lors de leur entrée au séminaire, ceux-ci ne devraient pas avoir besoin d’autorisation pour être ordonnés à l’issue de leurs études.

Au sujet des établissements d’Eglise

1 – Nous demandons l’ouverture de deux grands séminaires dans un délai très proche: un dans le diocèse de Xuân Lôc, ville de Xuân Lôc (province de Dông Nai), au service des diocèses de Dalat, Phan Thiêt et Xuân Lôc – l’autre dans le diocèse de Thai Binh à My Duc (Thai Binh) au service des diocèses de Hai Phong, Bui Chu et Thai Binh. Les séminaires de Hanoi et de Hô Chi Minh-Ville accueillent des séminaristes issus de trop nombreux diocèses.

2 – Nous proposons que chaque diocèse puisse ouvrir un établissement destiné à préparer les candidats au grand séminaire sur le plan moral et intellectuel. Les grands séminaires à l’heure actuelle ne possèdent pas assez de bâtiments et de personnels pour accueillir ces classes propédeutiques, comme le suggère la lettre 46/CV/TGCP du Bureau des affaires religieuses, datée du 17 février 1994 (3).

3 – Nous proposons que le cas du séminaire pontifical de Dalat soit examiné afin que cet établissement nous soit rapidement rendu et que l’Eglise puisse y organiser à nouveau un cursus d’études pour prêtres, religieux et religieuses, ce qui permettrait de diminuer le nombre des prêtres envoyés étudier à l’étranger.

4 – Nous proposons qu’après examen, soient rendus à l’Eglise les établissements et terrains confisqués ou

“offerts” dans des conditions non satisfaisantes (dans l’ambiguïté, avec des procédures non légales, sans l’accord du propriétaire ou en son absence, sous la contrainte), en particulier les établissements nécessaires aux activités essentielles de l’Eglise comme les évêchés, les églises, les séminaires, les monastères, les établis-sements de formation et les terrains attenants qui auparavant appartenaient à l’Eglise.

5 – Dans quelques régions d’économie nouvelle, dans certains villages des régions montagneuses où c’était nécessaire, l’Etat a donné l’autorisation de construire des églises ou des chapelles. Mais dans beaucoup d’endroits, il n’en a pas été ainsi. Nous proposons que soit entrepris un examen de ces besoins en vue de les satisfaire.

6 – Si vous donnez votre accord aux propositions ci-dessus, nous vous prions de bien vouloir en informer non seulement la Conférence épiscopale, mais aussi les autorités régionales à tous les échelons de sorte qu’elles soient appliquées d’une manière uniforme.

Monsieur le chef du gouvernement,

Les desiderata ci-dessus sont ceux des catholiques vietnamiens; ils vous sont transmis par l’intermédiaire de la Conférence épiscopale. Il ne s’agit que de ce qui est nécessaire à la vie ordinaire de l’Eglise et au service efficace qu’elle doit rendre au pays et à ses compatriotes, en particulier dans la situation sociale actuelle. Nous souhaitons que vous examiniez ces propositions afin qu’elles soient rapidement mises en application. Nous vous en remercions sincèrement et nous vous souhaitons une très bonne santé pour le service de la patrie.

Pour la Conférence épiscopale du Vietnam

Mgr Paul Nguyên Minh Nhât, président