Eglises d'Asie

De très nombreux travailleurs immigrés sont en situation irrégulière

Publié le 18/03/2010




De nombreux travailleurs étrangers entrés à Taiwan avec un contrat en règle ont aujourd’hui abandonné l’emploi prévu dans leur premier engagement et se trouvent en situation irrégulière. Selon la Commission du travail, 16 670 travailleurs émigrés, à savoir 7% des effectifs des travailleurs étrangers sous contrat dans le pays, auraient ainsi quitté illégalement leur emploi. Le 2 octobre 1995, une opération policière a été lancée dans l’ensemble du pays. Ordre a été donné à chacun des services de la Police nationale dans les districts d’arrêter au moins mille contrevenants sous peine de blâme. En deux semaines, 4 376 travailleurs émigrés en situation irrégulière ont été appréhendés. Plus de 11 000 restent en liberté. La police et la Commission du travail ont offert des primes allant de 1 000 (40 dollars U.S.) à 2 500 dollars locaux à tous ceux qui leur apporteraient des renseignements relatifs à ce type de contravention.

Dans une lettre envoyée le 3 octobre 1995 au quotidien de langue anglaise « China Newsle P. Eamon Sheridan, prêtre de St Colomban, aumônier des migrants, s’est exprimé sur ce problème. Il a en particulier affirmé sa conviction que les travailleurs émigrés ne prennent le risque de s’engager dans le travail illégal que parce qu’il y sont poussés par deux raisons impérieuses: leurs déplorables conditions de travail et les sommes exorbitantes qui doivent être versées par eux aux courtiers et aux agences en vue de leur placement. Ces sommes se situent entre 40 000 et 80 000 dollars taiwanais alors que le salaire minimum mensuel que touchent généralement les travailleurs émigrés est seulement de 14 880 dollars. Ainsi Carisosa Girlie, une jeune femme originaire des Philippines, aujourd’hui incarcérée dans le centre de détention pour étrangers, a payé 45 000 dollars pour obtenir un emploi à Taiwan, où elle a commencé à travailler en août 1994. Après avoir achevé son contrat d’un an, elle a cherché par elle-même un emploi mieux rémunéré. En prison depuis le 20 septembre 1995, elle affirme qu’aucune action de justice n’a été entreprise contre elle et que, jusqu’à présent, son employeur qui l’avait embauchée illégalement en lui faisant beaucoup de promesses, ne s’est pas encore présenté.

Ils sont plus de 200 000 à être venus comme elle de divers pays d’Asie pour travailler à Taiwan comme employés de maison, mais aussi dans l’industrie, la construction, le service des hôpitaux. Ils n’ont le droit de travailler que pendant deux ans. Leur contrat achevé, certains quittent le pays puis reviennent sous un autre nom.

L’actuelle opération policière lancée contre les travailleurs immigrés en situation irrégulière serait motivée, selon certains observateurs, par les échéances électorales: les élections législatives auront lieu à la fin de l’année tandis que les élections présidentielles sont prévues pour le 23 mars 1996.