Eglises d'Asie – Divers Horizons
Hongkong : deux rapatriements forcés de boat-people vietnamiens confirment les inquiétudes des réfugiés
Publié le 18/03/2010
Certains observateurs pensent qu’il s’agit là du début d’une série de mesures énergiques destinées à vider définitivement les camps de Hongkong avant le milieu de l’année prochaine, date limite fixée par le Haut-commissariat à la réunion de Kuala Lumpur de février 1995 et à la réunion du Comité exécutif de la Conférence de Genève qui avait suivi au mois de mars (19). C’est bien, en tout cas, l’impression que voulaient donner les autorités de Hongkong, lorsque, le 12 septembre 1995, elles avaient promulgué un ultimatum obligeant les pensionnaires des camps à s’inscrire volontairement pour le rapatriement avant le 22 septembre 1995, sans quoi ils pouvaient être expulsés à n’importe quel moment. Cette menace n’a pas produit les effets que les autorités de Hongkong escomptaient. Au contraire, la tension dans les camps s’est brusquement aggravée. Des manifestations non violentes se sont succédées dans les sections nord et sud du camp de High Island. Le jour où expirait l’ultimatum, il n’y avait que trois volontaires pour le rapatriement dans la section sud et 24 dans la section nord. C’est à la suite de cet échec que les récents rapatriements forcés avaient été décidés par le gouvernement de Hongkong.
En réalité, la situation est loin d’être claire; elle est même devenue passablement embrouillée depuis que le département d’Etat américain a divulgué le projet d’une nouvelle solution pour les boat-people vietnamiens, solution appelée « Track II », seconde voie.
Une première initiative américaine avait été prise le 24 mai 1995. Il s’agit du projet de loi intitulé HR 1561, déjà voté par la chambre des représentants. Il prévoit de geler l’aide financière américaine utilisée pour organiser le rapatriement. Il octroie aux réfugiés indochinois la possibilité de s’établir aux Etats-Unis et surtout stipule que les réfugiés ayant été classés comme migrants illégaux par les services d’immigration de Hongkong, pourront être soumis à un nouvelle sélection (screening), organisée, cette fois-ci, par des services américains sur place, c’est à dire dans les pays de premier accueil. Ce projet, destiné à s’opposer au rapatriement en cours, n’a pas encore été voté par le Sénat. Mais il est déjà très vivement critiqué aussi bien par le gouvernement du territoire de Hongkong que par divers hauts responsables du Commissariat aux réfugiés, et, semble-t-il aussi, par le pouvoir exécutif américain. C’est à ce projet et aux espérances qu’il fait naître qu’a été attribuée l’actuelle résistance des pensionnaires des camps au rapatriement volontaire.
Au premier abord, le projet « Track II » (deuxième voie) élaboré par le département d’Etat vers le début du mois de septembre, semble plus généreux que le projet de loi soumis au Congrès. En effet, il prévoit que l’ensemble des quelque 40 000 demandeurs d’asile vietnamiens encore dans les camps de l’Asie du Sud-Est pourra être soumis à la procédure du Tri, alors que le projet HR 1561 ne le précise pas. Cependant, et c’est là la grosse différence, les boat-people qui veulent bénéficier de cette deuxième chance devront auparavant se porter volontaires pour le rapatriement. Car en effet, c’est au Vietnam que le département d’Etat situe la nouvelle procédure du screening qui déterminera une seconde fois le statut des demandeurs d’asile. Ce qui suppose, par conséquent, que ce nouvel examen ne pourrait se faire qu’avec l’autorisation des autorités vietnamiennes.
On voit mal comment Hanoi pourrait accepter qu’une délégation américaine vienne sur place pour procéder aux examens et aux interviews des boat-people et ensuite les amène aux Etats-Unis pour les soustraire aux mauvais traitements de leur gouvernement. Ce qui fait dire à certains observateurs que le projet élaboré par le département d’Etat a surtout pour but d’empêcher que soit voté le projet de loi précédent. Pour le moment, le gouvernement vietnamien garde le silence. Il a repoussé à une date ultérieure des pourparlers sur ce projet, que le département d’Etat aurait voulu entamer au début du mois de septembre.