Eglises d'Asie

Irian Jaya : la commission nationale des droits de l’homme confirme les accusations portées par l’évêque catholique

Publié le 18/03/2010




La commission indonésienne des droits de l’homme qui enquêtait à Timika, dans la province d’Irian Jaya, à la suite des révélations fracassantes de Mgr Herman Munninghoff sur les violations des droits de l’homme dans la région par l’armée, a rendu son rapport le 21 septembre 1995 (5). Il confirme largement les affirmations de l’évêque sur les assassinats commis par les forces de sécurité dans la région de Timika.

Après la publication de ce rapport, plus de 3 000 protestants et catholiques de six tribus indigènes se sont réunis à Timika, du 5 au 7 octobre 1995, pour célébrer le “barapenfête rituelle au cours de laquelle les participants mangent du porc cuit sur des pierres incandescentes. Ils avaient le corps noirci au charbon de bois en signe de deuil pour les dix-sept victimes tuées par l’armée au cours de ces derniers mois.

Pendant les trois jours de barapen, la population a chanté et dansé pour exprimer sa joie d’être maintenant “libérée de la peur” par la publication du rapport de la commission nationale des droits de l’homme. Tom Beanal, chef des Amungme, la tribu indigène la plus importante de la région, a déclaré : “Nous avons deux raisons de célébrer : premièrement, nous voulons remercier Dieu parce qu’Il a écouté les cris de son peuple demandant la justice; ensuite, l’objectif traditionnel de cette fête rituelle est de permettre aux âmes de ceux qui sont morts de reposer en paix

Tom Beanal a noté que, suivant la coutume, le barapen aurait dû être célébré plus tôt, mais “si nous l’avions fait, nous aurions eu des problèmes avec les forces de sécurité qui nous auraient accusés d’organiser une manifestation séparatisteRévélant les frustrations de la population locale depuis plusieurs années, il a ajouté : “Chaque fois que la population demandait justice et vérité, les forces de sécurité nous accusaient de séparatisme. La peur est ainsi devenue partie prenante de notre vie quotidienne et elle a tué notre esprit d’initiative pour participer au développement du pays

Le P. Natalis Gobay, curé de la paroisse de Timika, a présidé un service oecuménique, le deuxième jour de la fête. Il a rendu hommage “au courage de Mgr Herman Munninghoff et à la commission nationale des droits de l’homme qui ont eu l’audace de révéler la vérité et grâce à qui la population est aujourd’hui libérée de la peur”. “Dorénavant, nous n’accepterons plus d’être intimidés par les irresponsables qui nous accusent de séparatismea-t-il ajouté.

Tout le monde n’est pas aussi satisfait du travail de la commission nationale. Beaucoup de militants des droits de l’homme et de jeunes indigènes ont été déçus que la commission ait absous les responsables de la compagnie minière américaine installée à Timika de l’accusation de complicité dans les exactions commises par l’armée.