Eglises d'Asie

Procès en appel pour deux religieux et un fidèle bouddhistes : le patriarche Thich Huyên Quang ne sera pas jugé.

Publié le 18/03/2010




Les autorités judiciaires vietnamiennes ont accepté le recours en appel formulé par les vénérables Thich Không Tanh, Thich Nhât Ban et le fidèle bouddhiste Nhât Thuong après le procès du 15 août 1995 (14) qui les avait condamnés à des peines de prison, dont la plus lourde était de cinq ans. Le nouveau procès devait avoir lieu le 28 octobre 1995 à Hô Chi Minh-Ville.

La principale charge retenue contre les trois inculpés, lors du premier procès, avait été d’avoir organisé une mission d’aide au profit des victimes des inondations du Mékong en 1994. Ils avaient été arrêtés à Hô Chi Minh-Ville le 5 novembre 1994 et dans les jours qui ont suivi alors qu’ils acheminaient vers le delta du Mékong un convoi de vivres et de médicaments (15).

Cependant comme lors du procès précédent, cette fois encore, les autorités vietnamiennes n’ont pas accepté que la défense des accusés soit assurée par les avocats français que ceux-ci avaient présentés, à savoir Etienne Grumbach, Guy Aurenche et Carine Jacoby. Dès l’annonce du procès en appel, la Fédération internationale des droits de l’homme a demandé en urgence des visas pour ces trois avocats à l’ambassade du Vietnam à Paris, en s’appuyant sur l’article 35 du Code pénal vietnamien garantissant à l’accusé la liberté de prendre un avocat de son choix. Les représentants du Vietnam en France n’ont pas répondu favorablement aux précédentes demandes du même ordre.

Le vénérable Thich Quang Dô, secrétaire général de l’institut pour la propagation du Dharma, principal accusé du procès du 15 août, ainsi que son confrère, le vénérable Thich Tri Luc ont refusé de s’associer à ce recours. Le vénérable Thich Quang Dô a déclaré: “Si un droit authentique existait en ce pays, la condamnation du 15 août dernier, portée contre des religieux et fidèles du bouddhisme unifié, aurait été invalidée immédiatement. Car les activités religieuses ne sont un crime sous aucun régime civilisé et démocratique. Se porter au secours des victimes des fléaux naturels n’est un crime dans aucune nation civilisée… Je ne vais pas en appel parce que je n’accepte pas la façon de juger au mépris de la loi, pratiquée par un tribunal prétendu populaire …”

Par ailleurs, l’Agence vietnamienne d’information (16) est revenue sur ses premières déclarations annonçant, il y a deux mois, que le patriarche du bouddhisme unifié, Thich Huyên Quang serait jugé par un tribunal de Quang Ngai, sa province natale, pour avoir incité les religieux et fidèles condamnés en août, à braver le gouvernement en organisant des opérations de secours. “Nous n’avons pas l’intention de tenir un tel procès pour Thich Huyên Quang en raison de son âge et de son état de santéa affirmé un haut responsable du tribunal populaire de la province de Quang Ngai. Le patriarche, âgé de 77 ans, est en résidence surveillée depuis le 29 décembre 1994 dans une pagode de la commune de Nghia Hanh dans le Quang Ngai, après avoir fait une grève de la faim pour protester contre l’arrestation des bouddhistes ayant participé à l’expédition humanitaire du delta du Mékong (17).