Eglises d'Asie

Alexandre de Rhodes aura sa stèle à Hanoi

Publié le 18/03/2010




Le secrétaire général de l’Association des historiens vietnamiens, M. Duong Trung Quôc, vient d’annoncer que la stèle destinée à honorer le P. Alexandre de Rhodes (12), le principal artisan de la création de l’écriture nationale vietnamienne (Quôc Ngu) et l’auteur des premiers ouvrages connus en cette écriture, serait érigée dans la cour d’entrée de la Bibliothèque nationale de Hanoi, 31, rue Trang Thi.

Il s’agit d’une ancienne stèle qui avait été réalisée à l’époque du protectorat français, en 1941, grâce aux soins de l’Association pour la promotion de la science (Tri Tri) et de l’Association pour la diffusion de l’écriture nationale. Elle avait été élevée sur le bord du lac “Hoan Kiêm” (le petit lac), en face du temple Ngoc Son. Après l’établissement de la République démocratique à Hanoi, aux alentours de 1957, la stèle avait été abattue pour laisser la place à un monument consacré à la jeunesse. Selon des voyageurs occidentaux en visite à Hanoi en 1990, elle servait encore à cette époque de pierre à laver le linge pour une famille de Hanoi. Cependant, l’organe de la jeunesse communiste, Tuôi Tre, rapporte qu’un ancien conservateur à la retraite, M. Nguyên Viêt Minh, l’aurait redécouverte en 1987 abandonnée sur le bord de la digue. Il l’aurait fait déposer en lieu sûr en attendant des jours meilleurs. C’est tout récemment que la stèle aurait été remise par son détenteur à la municipalité de Hanoi. Elle est aujourd’hui restaurée et porte, comme autre fois, une inscription en français sur une de ses faces. L’autre face est gravée en écriture nationale et en caractères chinois.

L’érection de la stèle constitue une des trois mesures décidées par le premier ministre au mois de septembre 1995 (13) dans la cadre de la réhabilitation du jésuite avignonais. Une autre prévoit de redonner son nom à une rue de Saigon qui l’avait porté jusqu’en 1975. La troisième concerne l’organisation d’un colloque scientifique sur le thème de la contribution du P. Alexandre de Rhodes à la culture vietnamienne. C’est le Centre des sciences sociales et humaines qui en est chargé. On ne connaît encore ni la date, ni le lieu, ni les intervenants.

La campagne qui a abouti à ces mesures de réhabilitation avait commencé avec les réactions suscitées par une présentation peu bienveillante d’Alexandre de Rhode par un érudit vietnamien Hoang Tuê, lors d’un colloque organisé à l’occcasion du 90ème anniversaire de l’école d’Extrême orient en décembre 1993. La campagne s’était développée ensuite et avait mis en cause les jugements négatifs portés sur le jésuite par l’historiographie officielle. Deux revues ont pris une part particulièrement active à cette campagne, la revue Lao Dông, et la revue Công Giao và Dân Tôc, organe du Comité d’union du catholicisme à Saigon (14). Plusieurs intellectuels proches du pouvoir se sont associés à la campagne, comme par exemple Phan Huy Lê, directeur de l’Institut d’histoire et la décision de réhabilitation a été prise au plus haut niveau. C’est le premier ministre lui-même qui a édicté les trois dernières mesures.