Eglises d'Asie

Alors que le gouvernement intensifie la lutte contre le travail clandestin, des syndicats et des organisations religieuses réclament une meilleure protection légale des immigrés

Publié le 18/03/2010




Aux termes de la loi sur le contrôle de l’immigration, les intermédiaires qui fournissent de la main d’oeuvre étrangère illégale sont passibles de trois ans de prison ou d’amendes pouvant atteindre dix millions de wons (13 000 dollars américains), et les employeurs d’immigrés en situation irrégulière encourent une année de prison et cinq millions de wons d’amende.

Le gouvernement, qui avait précédemment accordé un délai à ceux qui se déclareraient spontanément, a annoncé le 20 octobre qu’à partir du mois de novembre treize cents agents officiels seraient affectés à la lutte contre le travail illégal. Les autorités estiment qu’il y a environ 74 000 ouvriers immigrés illégaux en Corée du Sud, soit 67,3 % des travailleurs étrangers du pays. Au cours d’une réunion de fonctionnaires de la police nationale et de plusieurs ministères (justice, industrie, travail, affaires étrangères), il a été décidé que tout travailleur étranger en situation illégale serait expulsé sans délai et que son employeur coréen serait condamné aux peines prévues par la loi de contrôle de l’immigration.

En même temps qu’il mettra en oeuvre ces mesures, le gouvernement fera venir de l’étranger des ouvriers dits “en stage de formation” afin d’atténuer la pénurie de main d’oeuvre dans les petites et les moyennes entreprises. Mais nombre de travailleurs illégaux sont d’anciens “stagiaires en formation” recrutés par ces entreprises à l’étranger qui ont abandonné irrégulièrement leur place pour un emploi meilleur.

Au cours d’une réunion publique tenue à Séoul le 25 octobre au siège de l’association coréenne des avocats, des représentants de syndicats, des chefs religieux et des militants d’organisations civiques ont constaté l’échec de la politique officielle à l’égard des travailleurs étrangers et réclamé une nouvelle législation pour protéger leurs droits.

Selon les participants, les promesses de réforme faites par le gouvernement au début de l’année sont restées sans suite et les conditions de travail des ouvriers étrangers ne se sont pas améliorées. Selon les statistiques, les ouvriers étrangers “en stage de formation” dans les usines sont astreints à travailler de longues heures pour des salaires de misère (de 80 à 120 000 wons par mois : entre 103 et 155 dollars américains). Sur 27 981 ouvriers étrangers embauchés depuis juin en Corée du Sud au titre d’un “stage de formation”, 33,4% ont déserté leur emploi. Le gouvernement, ont insisté les représentants des syndicats, doit reconnaître que les cent mille travailleurs étrangers font partie de la “force nationale de travail”, y compris ceux qui sont en situation illégale, car eux aussi contribuent à la vie économique du pays, en compensant la pénurie de main d’oeuvre. Ils méritent donc d’être traités en conséquence et d’être reconnus comme travailleurs.

Une des mesures préconisées pour améliorer la situation des travailleurs étrangers est la création d’un organisme neutre chargé d’arbitrer les litiges où ils sont impliqués et de veiller à la garantie de leurs droits fondamentaux. A l’issue de la réunion, une pétition demandant une loi nouvelle de protection des ouvriers étrangers victimes de sévices et de l’exploitation de certains employeurs coréens a recueilli 675 signatures, dont celles de 150 membres de l’association des prêtres pour la justice, de 142 pasteurs protestants, de 66 responsables des syndicats et de 41 intellectuels.