Eglises d'Asie

L’épiscopat s’inquiète d’une éventuelle révision de la loi sur les religions

Publié le 18/03/2010




Dans une déclaration du 17 octobre 1995, le comité permanent de la conférence épiscopale japonaise a exprimé son inquiétude devant un projet de loi visant à rendre plus sévère la législation sur le personnel religieux. “Nous aimerions, disent les évêques, affirmer très clairement que nous ne pouvons accepter du fond du coeur le changement proposé au parlement. Notre inquiétude vient de ce que cette initiative du gouvernement risque finalement d’aller à l’encontre du principe de la séparation de l’Eglise et de l’EtatIls ajoutent: “La loi telle que nous l’avons actuellement, nous a été donnée à la suite d’une expérience historique malheureuse et nous l’avons reçue comme un don précieux. Quel que soit le résultat de cette révision de la loi sur le personnel religieux, elle ne doit contrevenir en aucune façon au double principe de la séparation de l’Eglise et de l’Etat et de la liberté de religionLes évêques expriment par ailleurs la crainte que cette discussion ne donne lieu à une lutte pour le pouvoir entre les différents partis politiques.

Ils proposent plusieurs solutions pratiques: “Que les leaders religieux prennent l’initiative de s’assurer l’aide d’un comité indépendant composé de personnes choisies dans un éventail social le plus large possible et que soit faite une étude pratique des conditions prévalant actuellement”Que l’on fasse pression sur le gouvernement afin qu’un enseignement sur les religions soit ajouté au programme des écoles publiques. On pourrait alors expliquer aux étudiants ce que religion veut dire, tout en respectant leur liberté

Sur ce dernier point, les évêques expliquent: “En fait, nombreuses sont les personnes qui posent des questions sur la religion. Mais depuis la guerre, aucun effort n’a été fait pour donner aux étudiants une connaissance même élémentaire de ce que cela signifie. Avant de procéder à une révision de la loi, il est nécessaire que les écoles publiques donnent un enseignement sur la religion. Tout simplement pour que les gens sachent de quoi il s’agitAlors que la diète se préparait à une séance extraordinaire pour discuter de cette révision de la loi à la suite de l’attentat commis en mars 1995 par la secte “Aum Shinri Kyo”, 250 catholiques et représentants des autres Eglises s’étaient rencontrés le 28 septembre pour discuter des révisions prévues. Etudiant la question à la lumière de la constitution japonaise, les participants ont reconnu le danger d’une main-mise de l’Etat sur les institutions religieuses et la possibilité d’abus contre la liberté de pensée et de religion. Selon M. Nishikawa Shigenori, secrétaire général de la Société pour la séparation de l’Eglise et de l’Etat, “la liberté de religion est la clé de voûte d’une société dans laquelle les gens peuvent avoir leurs propres croyances et convictions. Ce problème touche la population tout entière. Nous devons l’étudier sérieusementIl ajoute: “Les peuples de l’Asie voient nos troupes aller à l’étranger; ils voient nos forces d’auto-défense et nos visites au temple Yasukuni devenir “constitutionnelles”. Et maintenant, ils nous voient en train de réviser la loi sur la liberté de religion. Si nous considérons tout cela à la lumière de notre histoire, il me semble que cette révision de la loi actuellement en vigueur risque de nous conduire directement à une ingérence de l’Etat dans les affaires religieuses

Le temple Yasukuni est un monument élevé à la mémoire des soldats japonais tués au cours de la dernière guerre mondiale. On l’associe habituellement aux forces nationalistes de droite.