Eglises d'Asie

Mindanao : l’échec probable des négociations entre le gouvernement et le front moro de libération inquiète les Eglises chrétiennes

Publié le 18/03/2010




Si les négociations entre les musulmans du Front moro de libération nationale et le gouvernement philippin devaient échouer encore une fois et laisser le champ libre à la lutte armée, les missionnaires étrangers, plus particulièrement les évangélistes, seraient sans doute forcés de quitter le territoire de Mindanao pour raisons de sécurité. C’est la conclusion d’un symposium de cinq jours qui s’est tenu à Davao du 16 au 20 octobre…

… et qui a rassemblé 160 délégués de divers groupes évangélistes travaillant à Mindanao parmi les musulmans.

La position de l’Eglise catholique à Mindanao est très différente de celle des évangélistes. Les catholiques en effet ne s’adonnent à aucun prosélytisme auprès des musulmans et plusieurs missionnaires sont activement engagés dans le dialogue avec l’islam. Pourtant, la conférence pastorale de Mindanao réunissant 270 participants a exprimé, le 26 octobre 1975, “une inquiétude et une angoisse profondes” à propos du processus en train de prendre place sur l’île. Les peurs sont aggravées par “l’évident renforcement des troupes des deux côtés

Les catholiques s’inquiètent par ailleurs du trafic d’armes qui affecte beaucoup de villages. Quinze milices privées d’auto-défense, commandées par des “seigneurs de la guerre” chrétiens, sont en formation à travers l’île. Leurs activités ne faciliteront pas l’établissement d’un véritable processus de paix et risquent de raviver les tensions interreligieuses avec les musulmans.

Beaucoup d’observateurs estiment que les négociations actuelles sont vouées à l’échec et le Front moro de libération nationale pourrait reprendre les armes. Certains groupes musulmans dissidents comme celui d’Abu Sayyaf n’ont jamais cessé leurs activités militaires.

Selon un certain nombre de sources, on assiste depuis deux mois environ à un renforcement important des troupes gouvernementales stationnées dans les îles Sulu et Tawitawi ainsi qu’aux alentours de la ville de Cotabato. Dans une interview accordée à The Morning Times de Zamboanga, un dirigeant du Front moro de libération nationale, Ustadz Zain Jali, estime que ces mesures du gouvernement de Manille indiquent “des préparations pour une résurgence de la lutte arméeM. Jali ajoute que “le Front moro de libération nationale est pessimiste sur les résultats à espérer des négociations et ses fidèles sont en train de perdre patience

Les négociations entre le gouvernement de Fidel Ramos et le Front moro ont commencé en 1992. Les chrétiens sont majoritaires dans la plupart des provinces de l’île de Mindanao mais le Front moro voudrait que les 14 provinces de l’île passent sous contrôle musulman.