Eglises d'Asie

Peines maintenues pour trois bouddhistes jugés en appel

Publié le 18/03/2010




On avait appris le 26 octobre 1995 (15) que les autorités judiciaires avaient accepté la demande d’appel formulée par deux religieux et un laïc bouddhistes, condamnés lors du procès de 15 août à Hô Chi Minh-Ville. Le procès a effectivement eu lieu le samedi 28 octobre à Hô Chi Minh-Ville (16). Commencé à 7h30 du matin, il a duré moins de trois heures et s’est déroulé entièrement à huis clos. Ni le public vietnamien, ni la presse, ni les observateurs étrangers n’avaient été autorisés à y assister. Selon un responsable de la Cour d’appel auprès de la Cour populaire suprême de la municipalité de Ho Chi Minh-Ville joint par téléphone, un seul avocat vietnamien, Mme Truong Thi Hoa, a représenté la défense. Le Vietnam n’a jamais donné aucune réponse aux demandes des accusés qui avaient insisté pour être défendus par trois avocats français proposés par la Fédération internationale des droits de l’homme. Celle-ci avait déposé en urgence à l’Ambassade du Vietnam à Paris une demande de visa pour les trois avocats.

Le Tribunal a rejeté l’appel des trois bouddhistes et maintenu les sentences prononcées lors du premier procès. Le vénérable Thich Không Tanh reste condamné à cinq ans de prison, le vénérable Thich Nhât Ban à quatre ans et M. Nhât Thuong à trois ans. Ils avaient été arrêtés à Hô Chi Minh-Ville le 5 novembre 1994 et dans les jours qui avaient suivi alors qu’avec un groupe de bouddhistes ils acheminaient vers le delta du Mékong un convoi de vivres et de médicaments pour secourir les victimes des inondations (17). Le secrétaire général de l’institut de propagation du Dharma, le vénérable Thich Quang Dô et le vénérable Thich Tri Luc, impliqués dans la même affaire et également condamnés lors du procès du 15 août, avaient refusé de faire appel, jugeant que cela ne servirait à rien.

Ce procès en appel a provoqué une certaine irritation à l’étranger. Un fonctionnaire du secrétariat d’Etat des Etats-Unis, sans mentionner directement le procès, a déclaré qu’il existait encore au Vietnam de nombreuses limitations à la liberté de croyance (18). Par ailleurs, certaines manifestations de mécontentement à l’intérieur du pays sont parvenues en Occident. C’est ainsi que l’on a pris connaissance d’une plainte signée par huit religieux et 225 chefs de familles, représentants de la population de la province de Dông Thap, région sinistrée lors des inondations du mois d’octobre et novembre 1994, pour laquelle l’Eglise bouddhique unifiée avait organisé le convoi de secours. Les auteurs de la lettre, après avoir souligné la lourdeur du joug que le gouvernement fait peser sur les épaules des paysans, se déclarent persuadés de l’innocence des religieux récemment condamnés et réclament leur libération. Ils expriment aussi la déception des victimes des inondations qui ont attendu en vain l’aide de l’Eglise bouddhique unifiée et ont dû repartir chez eux les mains vides.