Eglises d'Asie

Réaction des dirigeants de l’Eglise catholique après la confession télévisée de l’ancien président Roh Tae-Woo

Publié le 18/03/2010




Trois jours après que l’ex-président Roh Tae-Woo, dans sa confession télévisée du 27 octobre, eut révélé à la nation qu’il avait amassé d’énormes fonds secrets au cours de sa présidence et distribué des pots de vin à ses rivaux aux élections présidentielles de 1992, le Cardinal Stephan Kim, archevêque de Seoul, a rendu public son jugement sur une affaire qui est en train d’ébranler la confiance de la population coréenne en la démocratie de son pays et en ses dirigeants. Au cours d’une allocution prononcée à l’occasion d’une réunion des élèves de l’école d’administration de Yonsei qui se tenait dans la capitale, le 30 octobre, il a déclaré: « Il n’y a place pour aucun compromis politique! (…) Le gouvernement et le ministère public devront examiner et déposer leurs conclusions en fonction de la loiIl a exhorté l’ancien président à un repentir du « coeur » et lui a demandé de ne rien dissimuler. Il a cependant laissé entendre que la corruption dans le pays s’étendait bien au-delà du cas particulier de l’ancien président; il a emprunté pour cela une citation à l’épisode évangélique de la femme prise en flagrant délit d’adultère: « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre! »

Le cardinal s’est adressé à la classe politique dans son ensemble et a estimé que les politiciens devraient se sentir responsables et réfléchir sur leur propre vie. Leur devoir, en effet, leur imposait tout autant d’écarter la corruption de la vie politique que de blâmer le comportement de l’ancien président. S’adressant ensuite à ses compatriotes il les a exhortés à faire face à cette crise et à maintenir l’espoir de construire une nation nouvelle.

Les propos tenus sur le même sujet par le président de la « Commission justice et paix », Mgr Joseph Kyeong Kab-ryong, sont encore plus sévères. Après avoir fait remarquer que c’était l’offense qui était détestable et non son auteur, il a toutefois affirmé: « M. Roh qui est un personnage public, a infligé un traumatisme à la nation et il l’a ridiculisée; il s’est couvert de déshonneur sur la scène internationaleL’évêque fait confiance à la loi de son pays pour que l’ex-président reçoive le châtiment qui convient.

Dans les jours qui avaient précédé la confession de Roh Tae-Woo, les enquêteurs du ministère public avaient déjà établi l’existence de plusieurs comptes secrets très importants au nom de l’ancien président de Corée du Sud. Ces révélations ont obligé celui-ci à présenter ses excuses à la nation dans un discours télévisé depuis sa maison privée. Selon ses déclarations il a accumulé entre 1987 et 1993, 650 millions de dollars en fonds secrets, provenant d’hommes d’affaires et servant à financer les activités des partis politiques et des oeuvres de bienfaisance. Il aurait ainsi dépensé 470 millions.

La confession de l’ancien président était devenue d’autant plus urgente pour lui que quelques heures auparavant, son principal opposant politique, Kim Dae-Jung, depuis Pékin où il était en visite avait reconnu avoir reçu 2,5 millions de dollars de l’ancien président au cours de la campagne des élections présidentielles de 1992. Plus tard, le président en exercice M. Kim Young Sam, mis en cause, tout en soutenant que lui-même n’était pas impliqué dans le scandale, a laissé cependant entendre que son propre parti pourrait avoir lui aussi bénéficié des largesses de son prédécesseur.

Depuis la confession télévisée de l’ancien président, l’enquête du procureur de la République s’est développée selon deux orientations principales. Les investigations du ministère public s’efforcent d’une part de cerner l’état réel du fond secret récemment révélé. De ce point de vue, il ne semble pas que l’interrogatoire de Roh Tae-Woo lui-même les 1er et 2 novembre, ait beaucoup fait avancer l’enquête. Plusieurs membres de la parenté du président ont été aussi entendus dans ce cadre. Par ailleurs, le procureur vise aussi à déterminer si les dons d’hommes d’affaires à l’origine de la caisse noire peuvent être qualifiés ou non de « pots-de-vin ». Le 12 novembre, 26 des 50 hommes d’affaires et chefs d’entreprise suspectés avaient déjà été soumis à des interrogatoires.