Eglises d'Asie

Mindanao : la politique économique du président Ramos est vivement critiquée

Publié le 18/03/2010




Le P. Willamor, vicaire général du diocèse de Kidapawan, à Mindanao, a vivement critiqué la politique économique du gouvernement philippin, la qualifiant de “fausse prophétieCette déclaration a été faite au cours de la 9ème conférence pastorale de l’archipel de Mindanao-Sulu qui s’est déroulée à Kidapawan, du 23 au 27 octobre 1995 et à laquelle ont participé 270 évêques, prêtres, religieux et laïcs appartenant à 21 diocèses et prélatures apostoliques (15).

Selon le P. Willamor, il est illusoire de vouloir faire des Philippines “un pays nouvellement industrialisé” avant l’an 2000, selon les termes mêmes du président Ramos, à moins qu’un certain nombre de mesures urgentes ne soient prises. “Ces mesures, dit-il, devraient inclure la réduction du déficit commercial, le renforcement de la structure agro-industrielle, l’imposition de taxes sur la spéculation et une reprogrammation du paiement de la dette nationale“. Le prêtre rappelle que malgré une croissance de 5,5% du produit national brut en 1995, 45% des Philippins vivent encore en-dessous du niveau de pauvreté. Le riz devient rare et son prix ne cesse d’augmenter. En février 1995, le déficit commercial a fait baisser les réserves de devises de 6,47 milliards de dollars par rapport à février 1994. Le P. Willamor rappelle par ailleurs que 50% des devises étrangères rentrant dans le pays sont produites par des multi-nationales dont les leviers de commandes sont établis à l’étranger, mais qui jouissent de nombreuses facilités accordées par le gouvernement philippin. Pour lui, les politiciens doivent d’urgence abandonner leurs ambitions personnelles et porter davantage attention aux besoins des gens.

Le pays devrait aussi s’efforcer de développer les services: “Nos docteurs et nos infirmières accomplissent des prouesses dans le domaine de la santé, à l’intérieur du pays comme à l’extérieurdit le P. Willamor, qui réclame avec insistance la création d’hôpitaux, de centres de soins, de maisons d’accueil pour les vieillards et les malades. Il suggère de plus que le pays utilise davantage la connaissance quasi-généralisée de l’anglais pour devenir un “centre mondial d’éducation”. Et sa position géographique dans l’Asie de l’est et du sud-est pourrait en faire un lieu d’échanges commerciaux et de communications.

Le P. Willamor rappelle que selon certaines statistiques, 2000 Philippins quittent leur pays chaque jour, munis d’un contrat de travail à l’étranger. Il propose qu’au lieu de laisser partir à l’extérieur tant de travailleurs spécialisés, les entrepreneurs du pays organisent un véritable marché du travail. “Si nous mettons au point une bonne stratégie, dit-il, les Philippines peuvent s’épanouir et devenir le centre asiatique pour les servicesIl ajoute cependant: “L’économie des Philippines continue de décliner. La triste vérité, c’est que les masses doivent se contenter de ce que la vie leur donne chaque jour