Eglises d'Asie

Le succès des écoles maternelles tenues par des religieuses ne se dément pas

Publié le 18/03/2010




En cette année scolaire 1995-1996, il n’y a encore à Hô Chi Minh-Ville que 20 établissements ayant le droit de porter le titre officiel d’écoles maternelles fondées par le peuple (c’est-à-dire libres) (8). Les nombreuses autres classes accueillant des jeunes enfants ou bien sont classées dans la catégorie des “groupes familiaux d’enfants” (Nhom tre gia dinh), ou ne jouissent d’aucune reconnaissance et sont simplement tolérés par les instances éducatives municipales. Cependant le chiffre actuel marque un net progrès par rapport aux années précédentes.

A la fin des années 80, lorsque les religieuses de Saigon ont commencé à ouvrir écoles maternelles et jardins d’enfants dans les bâtiments de leurs propres maisons religieuses, c’est au compte-goutte que les autorisations officielles leur furent accordées. Très peu d’entre elles, en effet, pouvaient satisfaire aux dispositions draconiennes contenues dans un règlement publié à la fin de l’année 1988, par le Comité populaire municipal, énumérant les conditions pour la fondation et le fonctionnement de ce type d’institutions enfantines. Durant l’année scolaire 1990-1991 par exemple, sept écoles maternelles seulement fonctionnaient légalement alors que près de quarante autres établissements tenus par des religieuses accueillaient des jeunes enfants comme externes ou demi-pensionnaires, sans autorisation, à leurs risques et périls (9). L’année suivante, le nombre des écoles officielles n’étaient encore que de douze.

Quoi qu’il en soit de leur reconnaissance officielle, le succès de ces écoles ne se dément pas puisqu’elles sont aujourd’hui fréquentées, en fonction des quartiers où elles sont situées, par des enfants issus de toutes les classes sociales. La plupart d’entre elles ont connu un développement régulier et continu. Lors de sa création par les soeurs de la charité, l’école maternelle Mang Non 13, implantée dans un quartier pauvre de l’arrondissement de Binh Thanh, n’était qu’un petit centre d’accueil pour quelques dizaines d’enfants. Elle est devenue aujourd’hui un établissement bien équipé, avec 180 élèves répartis en cinq classes. Durant trois années successives, l’école a reçu les félicitations des autorités de l’arrondissement. Cette école est loin d’être un cas unique et un peu partout à Hô Chi Minh-Ville comme à Dalat, à Da Nang, à Kontum ou même au nord Vietnam où ce type d’institution s’est aussi répandu, les écoles maternelles fondées par le peuple et tenues par les religieuses connaissent la même affluence et jouissent d’une égale renommée.

Cette popularité est généralement attribuée à deux facteurs: la modicité des frais scolaires et la garantie d’une formation humaine convenable. Les prix sont calculés en fonction des services dispensés. La plupart de ces écoles accueillent des demi-pensionnaires; selon l’hebdomadaire “Catholicisme et nation“, les frais de cantine mensuels (petit déjeuner, déjeuner, goûter) se situent autour de 80 000 dôngs (moins de 40F). Il faut ajouter à cela, les frais de scolarité et d’amortissement des locaux qui se montent aux alentours de 100 000 dôngs. Les parents apprécient qu’en dehors de ces frais prévus, il ne leur soit demandé aucune autre contribution financière exceptionnelle comme c’est souvent le cas dans les autres écoles de la ville.

Certaines écoles, subventionnées par des associations ou des institutions nationales ou internationales se sont efforcées de réduire au maximum les frais scolaires pour mieux être au service des familles pauvres. Une école ouverte par les soeurs de la charité au début de l’année scolaire 1995-96, dans le quartier populaire qui entoure la gare de Saigon, a même choisi la gratuité absolue. C’est la première école entièrement gratuite de la ville. Grâce au financement pris en charge par la Congrégation des soeurs de Saint Vincent de Paul, 149 élèves sont accueillis comme demi pensionnaires dans l’école sans que leurs familles, les plus démunies du quartier, aient à débourser un seul dông. Ils sont pris en charge par quinze jardinières d’enfants et enseignantes, toutes formées à la pédagogie et suivant régulièrement les sessions d’études organisées par les services de l’éducation nationale de la ville.

Même si les considérations financières entrent pour une part dans les raisons qui poussent les parents à envoyer leurs enfants dans les institutions prises en charge par les religieuses, il est certain que le facteur le plus important est la confiance traditionnellement accordée aux religieuses par la population vietnamienne de toutes confessions. D’autant plus que la plupart de leurs écoles sont dotées aujourd’hui d’un personnel dont le niveau pédagogique n’a rien à envier aux écoles publiques. Par ailleurs, on y initie les enfants à un certain nombre de disciplines qu’ils n’auraient pas trouvées ailleurs, comme la musique instrumentale, (piano, orgue), la danse et autres expressions artistiques. Selon les constatations des enseignants du public, au sortir de ces écoles, les enfants sont plus particulièrement préparés à entamer le cycle primaire.

Le travail des religieuses dans les écoles maternelles ne constitue qu’une partie des efforts déployés par l’Eglise catholique dans le domaine éducatif. De nombreuses autres initiatives voient le jour dans les domaines délaissés aujourd’hui par l’Etat, comme les écoles de l’affection pour les enfants de la rue, l’éducation des handicapés, les cours de langue, les centres d’initiation à certaines techniques modernes, comme l’informatique, organisés par les frères des écoles chrétiennes, ou encore l’accueil des enfants de province venus poursuivre leurs études en ville. Comme les évêques en ont informé le premier ministre à l’occasion de leurs dernière réunion annuelle, l’Eglise est, aujourd’hui, toute prête à assumer en totalité ou en partie, le rôle qui est traditionnellement le sien en ce domaine.