Eglises d'Asie

Mindanao : l’île pourrait bientôt connaître une recrudescence de la guerre des religions

Publié le 18/03/2010




“Je combattrai jusqu’au bout. Cela ne me fait rien de mourir. Nous sommes ici pour celaCette profession de foi est celle d’un jeune musulman, Abubakar Suleik, 27 ans, membre du “Front islamique moro de libération” (MILF: “Moro Islamic Liberation Front”). Cette organisation rebelle, dont certains pensent qu’elle compte de 15 000 à 25 000 membres, combattants et non-combattants réunis, en revendique 80 000. Ils seraient mieux armés, mieux entraînés et mieux organisés que le MNLF (Front moro de libération nationale) ne l’a jamais été.

Mindanao et les îles environnantes possèdent depuis toujours la plus grande concentration de musulmans des Philippines, même si, dans la plupart des régions, ils sont désormais en minorité. Ce phénomène est dû au fait que depuis la conquête espagnole, les chrétiens ont toujours été encouragés à s’installer dans cette partie de l’archipel philippin. Ces musulmans sont aussi les plus pauvres parmi les habitants de la région. Le renouveau économique actuel du pays ne les a pas encore atteints. Et les leaders du MILF veulent instaurer la loi islamique dans ce qu’ils considèrent comme leur fief. Les chrétiens, disent-ils, pourraient se voir exempter de la Sharia et continuer d’être soumis aux lois existantes.

Il est impossible de vérifier les affirmations du MILF. Mais le gouvernement de Manille les prend au sérieux. L’armée rassemble actuellement de 60 000 à 70 000 hommes sur Mindanao et les îles voisines: plus de la moitié de l’effectif militaire total du pays. Ce qui amène chrétiens et musulmans à accuser les dirigeants d’accroître les tensions qui les opposent les uns aux autres.

Les rebelles musulmans chiffrent à 200 000 le nombre de leurs coreligionnaires qui ont été tués dans les années ’70, au temps où la guerre battait son plein. Le gouvernement estime le nombre des victimes à 50 000. Mais selon les habitants de l’endroit, on ne peut faire confiance ni aux uns ni aux autres.

M. Ali Macabalang, conseiller auprès du gouvernement régional pour les moyens de communications, commente: “Nous sommes fatigués de la guerre. Tous, nous avons perdu quelque chose qui était important dans notre vie, y compris des parents

De son côté, le MILF proclame très haut son désir de paix. Il attend avec impatience les résultats des pourparlers entre le gouvernement et le MNLF. Mais, dit le responsable militaire du MILF, M. Hadji Murad: “Nous préparons la guerre, précisément parce que nous voulons la paixIl avertit que ses compagnons commencent à perdre patience et que la rébellion pourrait bien se réveiller si le gouvernement continue d’amener des troupes dans la région. Le gouvernement et le MNLF “parlent depuis vingt ans et rien ne se produitdit M. Murad, qui ne se fait faute de vanter la puissance du MILF. Ce dernier, selon lui, se fournit en armement sur le marché international et n’a aucun scrupule à corrompre la police et l’armée. Il a mis au point toute une politique d’éducation des jeunes et d’encouragement à l’agriculture. Mais M. Murad parle avec encore plus d’enthousiasme de l’islam et exprime ses craintes de voir les coutumes islamiques disparaître peu à peu du sud des Philippines: “Voilà trois cents ans que nous nous battons et nous en avons plus qu’assez. Mais nous devons le faire si nous voulons survivre