Eglises d'Asie – Philippines
Le gouvernement est sévèrement critiqué pour les récentes démolitions d’habitations de squatters près de Manille
Publié le 18/03/2010
Cette critique est venue à la suite d’un incident grave qui s’est déroulé sur la Montagne fumante le 27 novembre 1995. Ce jour-là, la police a fait usage de gaz lacrymogènes et a tiré pour disperser la foule des squatters qui s’opposait aux démolitions. Un enfant nouveau-né est décédé, alors qu’un adulte était tué par balle.
Le problème n’est pas nouveau et il n’est pas simple. Les 3 200 familles pauvres qui habitaient sur la Montagne fumante se divisent en deux groupes principaux. L’un d’eux, “Akbayan”, est animé par un pasteur protestant responsable d’une communauté chrétienne appelée “Grace Christian Church”; l’autre groupe, “Alsakris”, se rassemble autour du curé de la paroisse catholique locale, le P. Benigno Beltram, membre de la congrégation du Verbe Divin. Ces derniers ont accepté une offre que le gouvernement leur avait faite et ils ont été relogés, provisoirement, en deux districts de la banlieue de Manille. Les autres, environ 2 000 familles, n’ont pas accepté les propositions officielles. Ils deviennent maintenant les victimes de la démolition.
Le 27 novembre, des employés municipaux, appuyés par quelque 800 policiers, se sont présentés de bonne heure sur le lieu de leur “travail”. Ils ont donné dix minutes aux squatters pour quitter la Montagne fumante. Mais avant même l’expiration du délai, des canons à eau entraient en action. Puis la police recourait aux gaz lacrymogènes et enfin tirait sur la foule. Un catholique, M. Ric Villaruente, président de “Alsakris”, était tué par balle dans l’église où il s’était réfugié. Et un journaliste japonais, qui tournait un documentaire sur la Montagne fumante, était blessé.
Selon M. Andalona, cette fusillade n’est que l’un des nombreux incidents violents qui ont marqué ce qu’on peut appeler une véritable campagne de démolitions organisée par le gouvernement depuis le mois de décembre 1993. Pour la seule année 1995, l'”Alliance des avocats philippins pour les droits de l’homme” a compté pas moins de 16 localités dans la région de Manille, où des démolitions d’habitations ont eu lieu, sur l’ordre du gouvernement. Des démolitions qui, selon les avocats, vont à l’encontre de la loi sur le développement et l’habitat urbains. Toujours d’après M. Andalona, ces destructions et évictions de pauvres feraient partie d’une campagne de “nettoyage” en vue la réunion de la Conférence économique pour la région Asie-Pacifique (APEC), qui doit se dérouler à Manille dans le courant de l’année 1996.