Eglises d'Asie

L’Eglise vietnamienne désire entrer en relation avec les Eglises de l’Asie du sud-est

Publié le 18/03/2010




Certains collaborateurs de la revue “Catholicisme et nation” se posent aujourd’hui un certain nombre de questions concernant l’intégration de l’Eglise du Vietnam dans l’ensemble des Eglises de la région du sud-est asiatique (6). Sur le plan politique, cette intégration est déjà accomplie depuis le 28 juillet 1995, date à laquelle le Vietnam a officiellement fait son entrée au sein de l’Asean qui regroupe désormais sept pays. Depuis lors, le Vietnam s’est soumis aux nombreuses réglementations communes à l’organisation, notamment en matière de prix, de taxation et de droits de douane. Le premier ministre et le ministre des affaires étrangères viennent de participer au cinquième sommet de l’organisation à Bangkok, les 14 et 15 décembre 1995. C’est le Vietnam qui, après la Thaïlande, accueillera à Hanoi le sixième sommet de l’Asean, en 1998, en vertu de la logique de l’ordre alphabétique. Cette évolution constitue un changement capital aussi bien pour la situation internationale du Vietnam que pour sa politique intérieure. Les effets sociaux aussi bien que politiques ne devraient pas tarder à s’en faire sentir dans les mois et les années qui viennent.

On ne peut que remarquer que les choses vont beaucoup moins vite en ce qui concerne les relations de l’Eglise du Vietnam avec les autres Eglises de l’Asie du sud-est et plus particulièrement la FABC (Fédération des conférences épiscopales d’Asie), dont pourtant la conférence vietnamienne est membre fondateur. Si certains évêques vietnamiens ont pu participer à une partie de ses travaux au début de cette année à Manille, c’est d’une manière détournée, à l’occasion de la rencontre mondiale des jeunes avec Jean-Paul II et des fêtes de l’anniversaire de la création du diocèse de Manille, auxquelles ils étaient invités. Certes Mgr Paul Nguyên Van Hoa, évêque de Nha Trang, a pu se rendre récemment à une session d’Ecriture sainte organisée par la FABC à Manille; mais, il n’a pas obtenu l’autorisation de se rendre à Rome, le 23 octobre dernier, pour la réunion du Comité de préparation du synode des Eglises d’Asie dont il est membre. Les autorités vietnamiennes se sont plaintes de n’avoir pas été informées de sa nomination à cette charge (7).

A cause de la structure actuelle de l’Eglise et pour des raisons d’ordre historique, l’Eglise vietnamienne a toujours eu des rapports privilégiés avec Rome, centre de la chrétienté, et avec l’Eglise de France à laquelle elle est unie très intimement depuis le début de l’évangélisation. Ce n’est que depuis le Concile de Vatican II qu’elle a commencé à renforcer et à approfondir ses liens avec les Eglises voisines. Puisque la période d’isolement du Vietnam semble avoir pris fin, beaucoup d’évêques, de prêtres et de laïcs vietnamiens sont désireux de continuer une exploration commencée avant 1975. En dehors de la géographie, de nombreux points communs rapprochent l’Eglise du Vietnam de ces Eglises. Si l’on excepte les Philippines où les chrétiens sont majoritaires, toutes les communautés chrétiennes des pays voisins ne constituent que de petites minorités au sein de leurs populations. Avec un peu plus de 6 % le Vietnam représente un des taux de catholiques le plus fort. Par ailleurs, il n’est pas besoin de rappeler que les affinités culturelles sont très nombreuses.

L’Eglise des Philippines pourrait, elle, jouer un rôle important dans le domaine de la formation et déjà un certain nombre de religieux et de prêtres vietnamiens ont profité des ressources que l’Eglise des Philippines met à leur disposition en ce domaine. Les grands séminaires, les instituts catholiques y sont nombreux. En particulier, deux instituts ont été créés pour fournir des cadres aux Eglises de la région. Il s’agit de l’Institut pastoral de l’Asie de l’Est à Manille, qui organise à l’intention des prêtres, religieux et laïcs des Eglises voisines, des sessions de formation de trois mois à six ans dans tous les domaines des sciences religieuses. L’institut pour le développement pastoral est lié au précédent. En plus de sessions qui lui sont propres, il se met au service des Eglises voisines pour répondre à leurs besoins et organiser des sessions de formation sur des thèmes proposés par celles-ci.

On peut espérer que l’Etat vietnamien, désormais membre de l’Asean ne fera plus obstacle aux relations légitimes de la communauté catholique vietnamienne avec celles des autres pays de l’organisation.