Eglises d'Asie

L’exercice de la solidarité dans la paroisse chinoise de Hô Chi Minh-Ville

Publié le 18/03/2010




Depuis que la société civile a retrouvé une part de son autonomie, voilà déjà plusieurs années, les paroisses du Vietnam ont recommencé à être des lieux où les catholiques prennent conscience des problèmes sociaux de leur pays en même temps qu’ils forgent de nouveaux liens de solidarité et de charité grâce à des initiatives tournées vers l’extérieur. Un bel exemple de ce nouveau statut des communautés chrétiennes à l’intérieur de la société vietnamienne est fourni par la paroisse Saint François-Xavier, à majorité chinoise (9). Un certain nombre de facteurs contribuent à donner aux activités de cette paroisse un caractère symbolique très appuyé en regard de l’évolution actuelle du pays. Elle est en effet située à Cholon, le quartier de Hô Chi Minh-Ville le plus marqué par l’actuelle orientation économique du Vietnam. Celle-ci a en effet relancé le rôle économique traditionnel de la population chinoise du quartier qui bien souvent sert d’intermédiaire aux grands investisseurs chinois de Taiwan, Hongkong, Singapour et Malaisie. Par ailleurs, dans le quartier de Cholon, on ressent plus qu’ailleurs les disfonctionnements sociaux provoqués par l’économie de marché, en particulier les différences de revenus au sein de la population.

En réagissant à la situation sociale environnante, le curé actuel, le P. Huynh Tru, ancien élève du séminaire de Penang en Malaisie, a conscience de renouer avec une tradition de la paroisse, forgée par ses prédécesseurs, tous très attentifs aux devoirs de solidarité des chrétiens chinois. D’ailleurs, un certain nombre d’activités réactivées aujourd’hui existaient auparavant.

Il en est ainsi de la caisse d’assistance financière, prise en main par la conférence Saint Vincent de Paul de la paroisse. Au cours des deux dernières années, elle a permis à 56 familles en difficulté d’emprunter sans intérêt d’importantes sommes d’argent. Le remboursement s’effectue par petites sommes chaque semaine ou chaque mois. La caisse, constituée grâce aux contributions apportées par la communauté, contient aujourd’hui au total 110 millions de dôngs (55 0000 F). Par ailleurs, 19 familles pauvres, incapables de subvenir à leur subsistance ont été présentées par diverses autorités civiles à la paroisse qui les a prises en charge depuis deux ans et fournit à chacune une somme mensuelle de 100 000 dongs. Enfin, lors des dernières inondations, les responsables de la communauté ont envoyé aux sinistrés une somme de 6 450 000 dongs par l’intermédiaire de la section du Front populaire de l’arrondissement.

Un autre des grands soucis de la communauté catholique chinoise est celui d’assurer les soins médicaux à ceux qui, en raison de leur dénuement, ne peuvent accéder aux hôpitaux et aux dispensaires publics payants. Tout au long de l’année 1994, le P. Huynh Tru a frappé à de nombreuses portes en vue d’obtenir la permission d’ouvrir un dispensaire gratuit. Cela a été enfin possible grâce au patronage accordé par la Croix-Rouge du cinquième arrondissement. Situé dans la cour de l’Eglise Saint François-Xavier, le centre porte le nom officiel d’Etablissement de la Croix-Rouge du 5ème. Le consul de France à Saigon, au nom d’une grande marque française de produits pharmaceutiques, est venu l’inaugurer au mois d’avril 1995, en compagnie du secrétaire de la section du parti de l’arrondissement. On y trouve une salle de consultation et un laboratoire d’analyses qui effectue les travaux gratuitement pour les malades pauvres. L’Institut du coeur du professeur Carpentier, situé tout prêt de là, propose même des traitements gratuits aux jeunes clients du dispensaire souffrant de troubles cardiaques, faveur dont le dispensaire de Cholon a déjà pu profiter.

Le dispensaire qui ouvre ses portes trois matinées par semaine, est fréquenté à chaque séance par environ 70 malades demeurant, pour la plupart, dans le cinquième arrondissement. C’est la communauté catholique de Saint François-Xavier qui prend entièrement en charge les traitements des deux médecins et des cinq infirmières employés au dispensaire, ce qui représente chaque mois 1 250 000 piastres. Certains des médicaments sont achetés, d’autres sont obtenus grâce à des bienfaiteurs vietnamiens ou étrangers.