Eglises d'Asie

Maharashtra : un jugement de la cour suprême semble donner raison aux hindous fondamentalistes

Publié le 18/03/2010




Dans son jugement du 12 décembre 1995, la cour suprême indienne a annulé une décision de la haute cour du Maharashtra déclarant invalide l’élection, au début de 1995, de M. Manohar Joshi, l’actuel premier ministre de cet Etat, le plus important du pays sur le plan industriel et financier, dont la capitale est Bombay.

M. Joshi avait en effet, au cours de sa campagne électorale, promis que le Maharashtra allait devenir le premier Etat hindou du pays. Membre du BJP (« Bharatiya Janata Party, ou « Parti du peuple indien »: dans ce cas, « indien » signifie « hindou »), il basait sa propagande sur l’idéologie de l' »Hindutva », qui pourrait se traduire par « Hindouité », ou « la qualité d’être hindou ». Une idéologie selon laquelle il n’y a place en Inde que pour les hindous. La haute cour du Maharashtra avait déclaré nulle son élection.

Un porte-parole du BJP a immédiatement approuvé le jugement de la cour suprême, laquelle, selon lui, aurait ainsi « donné son ‘imprimatur’ judiciaire » à l’idéologie de l’Hindutva.

Les réactions n’ont pas manqué. Le P. T.K. John sj, professeur de théologie au centre « Vidya Jyoti » de Delhi, rappelle qu’il ne peut y avoir d’élections sans liberté, lorsque celles-ci se déroulent « dans une société multi-culturelle et multi-religieuseIl félicite les juges de la cour suprême pour la réprimande sévère adressée à M. Bal Thackeray, le leader du « Shiv Sena » (« armée de Shiva »), une organisation para-militaire hindoue, alliée politique du BJP. Ce politicien avait en effet tenu, au cours de la campagne électorale, des propos menaçants à l’égard des musulmans (2).

M. Jose Chiramel, secrétaire général de l’Union catholique panindienne, regrette de son côté que le jugement risque d’encourager les politiciens à « jouer plus ouvertement des sentiments religieux, lors des prochaines élections

A Bangalore, le quotidien de langue anglaise « Deccan Herald« , qualifie de « négatif » le verdict de la cour suprême et regrette que les juges n’aient pas eu le courage d’« apporter une contribution plus positive aux efforts (accomplis par d’autres) pour laisser la religion en dehors de la politique électoraleIl avertit que les chrétiens et les musulmans pourraient bien se lancer dans la politique et constituer leur propres plates-formes électorales sur le modèle de celle qui se fonde sur l' »Hindutva ». De son côté, le « Times of Indiaquotidien de Delhi, dit que le jugement rendu fait perdre à l’Inde une « occasion historique » de « domestiquer une propagande basée sur l’appartenance religieuse, dans une atmosphère viciéeM. Soli Jehangir Sorabjee, ancien avocat général de l’Inde, a peur que les partis politiques ne se servent de ce verdict pour contourner la loi interdisant de mentionner la religion au cours des campagnes électorales.