Eglises d'Asie

Les Eglises continuent leur campagne en faveur des dalits chrétiens, malgré les critiques et les dissensions internes

Publié le 18/03/2010




Les Eglises en Inde semblent plus décidées que jamais à continuer les efforts entrepris il y a déjà plusieurs années en faveur des dalits chrétiens. Il s’agit d’obtenir pour ces derniers les droits et avantages qui sont accordés à leurs frères non chrétiens. Cependant, la récente campagne, du 18 au 30 novembre 1995, a été l’occasion de controverses à l’intérieur de l’Eglise aussi bien qu’entre les partis politiques.

Le 18 novembre 1995, la Mère Teresa avait participé à la prière d’ouverture de la campagne et sa présence avait été considérée comme positive par les participants. Le lendemain, cependant, plusieurs journaux et partis politiques lui reprochaient de jeter de l’huile sur le feu et de contribuer à la déstabilisation du pays (12). Le 24 novembre, elle convoquait à Calcutta une conférence de presse au cours de laquelle elle expliquait qu’elle n’avait jamais eu l’intention d’appuyer les demandes formulées par les organisateurs de la campagne en faveur des dalits chrétiens. Du coup ces derniers lui reprochaient sa “trahison“. Le Frère José Daniel, président du Comité national de coordination des chrétiens (NCCC), commentait: “Cela nous remplit de tristesse, de voir la Mère Teresa abandonner la cause des dalits chrétiens à l’heure où ils se trouvent en difficultéEt les leaders du NCCC l’accusaient de “duplicité“. Ils publiaient alors l’invitation qu’ils lui avaient adressée pour la journée du 18 novembre. En même temps, ils remettaient à la presse une copie de la lettre qu’elle-même avait écrite au premier ministre en 1993, lui demandant d’accorder aux dalits chrétiens les mêmes avantages dont jouissent les autres dalits. De son côté, un hebdomadaire de Calcutta écrivait: “La Mère Teresa commence par mettre les non-chrétiens en colère en assistant à la fameuse réunion de prière; puis, à la première difficulté, elle rend la situation encore pire en changeant son attitude“.

Sur le plan politique, on assiste aussi à un certain nombre de controverses. C’est ainsi que le BJP (“Bharatiya Janata Party”, ou parti du peuple indien, à tendance fondamentaliste hindoue) s’oppose violemment aux demandes formulées par les chrétiens. D’autres partis moins importants se sont joints à lui dans cette opposition. De son côté, le Parti du Congrès, qui est au pouvoir à Delhi, craint que la campagne des Eglises ne lui nuise lors des prochaines élections, en avril 1996. Dans la circonscription électorale de Nandyal, en Andhra Pradesh, d’où est originaire l’actuel premier ministre M. Narasimha Rao, les dalits chrétiens sont relativement nombreux et votaient traditionnellement pour le parti du Congrès.

En même temps, un certain nombre de publications et d’intellectuels conseillent à l’Eglise de mettre un peu d’ordre dans sa propre maison. Les dalits chrétiens demandent que l’on mette fin à la discrimination dont ils souffrent au sein même de l’Eglise et M. Jai Karan Joseph, secrétaire général du Mouvement panindien pour la libération des dalits chrétiens, exprime l’opinion que la protection de l’Eglise est plus importante pour eux que l’aide à venir de l’Etat. D’autres disent leur désillusion devant ce qu’ils ressentent comme un abandon de la part d’un certain nombre d’évêques. Selon le P. S. Lourduswamy, secrétaire de la commission épiscopale pour les dalits chrétiens, une cinquantaine d’entre eux avaient promis de participer à la réunion de prière du 18 novembre 1995: 12 seulement sont venus.