Eglises d'Asie

Les évêques japonais émettent des réserves sur les modifications apportée à la loi sur les associations religieuses

Publié le 18/03/2010




La Conférence épiscopale du Japon vient de porter un jugement critique sur les modifications qui ont été apportées à la réglementation des associations religieuses. Les évêques ont, en effet, émis l’opinion que la législation ainsi modifiée risque d’ouvrir la voie à une gestion des affaires religieuses par les services gouvernementaux et qu’elle rend possible la mise en cause de la séparation de la religion et de l’Etat.

Les amendements critiqués par les évêques japonais ont été élaborés dans l’émotion suscitée par l’attentat au gaz perpétré dans le métro de Tokyo au mois de mars dernier et attribué à la secte de Aum Shinrikyo. Une révision de la réglementation existante a été entreprise dans le but de rendre plus transparentes les affaires intérieures des diverses sectes et religions. La première série d’amendements, les premiers depuis l’adoption de la loi en 1951, a été approuvée par la Diète japonaise, le 8 décembre 1995.

Les principales dispositions qui sont venues transformer l’ancienne réglementation religieuse sont au nombre de quatre. La juridiction sur les associations religieuses autrefois du ressort des préfets est transférée au ministère de l’éducation. Les organisations religieuses devront au début de chaque année fiscale fournir aux autorités une documentation concernant leurs finances et leurs activités. Elles devront, de plus, se soumettre aux légitimes exigences de leurs membres ou de particuliers concernés désirant consulter les registres consignant l’état des finances ou le programme des activités religieuses. Les autorités pourront aussi exiger que les associations religieuses leur soumettent des rapports ou répondent à des questions lorsque celles-ci seront soupçonnées de mercantilisme, lorsqu’elles ne rempliront pas les conditions exigées ou lorsqu’elles auront violé la réglementation actuelle, ce qui pourrait entraîner leur dissolution par le gouvernement.

Une seconde série de modifications de la loi va être entreprise. Elles auront pour objet l’imposition des associations religieuses. Sous certaines conditions, leurs bénéfices seront soumis à la même réglementation que les compagnies commerciales ordinaires.

Les évêques japonais ne sont pas les seuls à émettre des réserves sur la nouvelle loi. Elle a suscité une opposition assez sérieuse de la part de certains citoyens et groupes religieux ainsi que des avocats du principal parti d’opposition « Shinshinto » (Nouvelle frontière). Leur principale crainte est que, grâce aux nouvelles possibilités de contrôle qui lui sont données, le gouvernement n’empiète sur la liberté religieuse. La nouvelle loi a certes le soutien de l’opinion publique mais certains accusent les autorités de profiter de l’émotion suscitée par l’attentat aux gaz, pour s’en prendre , à travers les nouvelles dispositions de la loi, à la puissante secte bouddhiste du « Soka Gakkai » et à son principal soutien politique, le « Shinshinto ».