Eglises d'Asie

Un catholique est appelé à la tête du nouveau gouvernement coréen

Publié le 18/03/2010




Les scandales qui viennent d’éclabousser le pouvoir politique coréen ont obligé le président de la République, M. Kim Young-sam à procéder à un remaniement de son gouvernement. Le 15 décembre, il a placé à sa tête, M. Lee Soo-sung, recteur de l’Université nationale de Séoul. Le nouveau premier ministre qui a été approuvé à la quasi unanimité par l’Assemblée nationale est un catholique âgé de cinquante ans. Il a été baptisé, avec son épouse en 1983.

Les mêmes raisons qui ont provoqué la nomination d’un premier ministre catholique ont amené le cardinal archevêque de Seoul, Mgr Etienne Kim Sou-hwan à intervenir publiquement une nouvelle fois (11) dans une interview accordée au magazine “Win” du mois de janvier, dont la couverture était illustrée d’un portrait du prélat, présenté comme le véritable leader religieux de Corée. Le dirigeant catholique appelle les Coréens a dépasser leurs intérêts privés pour ne s’intéresser qu’à la vérité, dans la tourmente politique qui secoue le pays et a conduit deux anciens présidents en prison. Selon le cardinal, ce qui, pour l’instant, est un malheur national pourrait être une bonne occasion d’éliminer certains maux institutionnels du pays, à savoir l’injustice et la corruption. Le cardinal s’est ensuite adressé au principal instigateur du coup d’Etat de décembre 1979, l’ex-président Chun Doo-hwan, en prison depuis le début du mois de décembre, et lui a conseillé de dévoiler toute la vérité plutôt que de consumer ses forces dans une grève de la faim.

Président de la Corée du sud de 1981 à 1988, M. Chun Doo-hwan a été arrêté le 3 décembre dernier. Il est poursuivi principalement pour avoir organisé le coup d’Etat du 12 décembre 1979 et, plus particulièrement, pour avoir dirigé la répression du mouvement pro-démocratique de Kwanju qui fit 200 morts et plus de mille blessés, l’année suivante. Une loi soutenue par l’actuel président et adoptée la 19 décembre rend désormais possible les poursuites contre l’ancien président, puisqu’elle allonge le délai obligatoire avant que les crimes d’insurrection puissent bénéficier d’une amnistie. Dès son entrée en prison, M. Chun Doo-hwan avait entamé une grève de la faim. Le 21 décembre, son état de santé étant devenu préoccupant, il a été conduit à l’hôpital national de la police de Séoul.

Son successeur à la présidence, M. Roh Tae-won, avait été arrêté le 16 novembre 1996, deux semaines après avoir confessé publiquement qu’il avait accumulé pendant l’exercice de ses fonctions de 1987 à 1993, 650 millions de dollars en fonds secrets, provenant d’hommes d’affaires. Le 18 décembre, il a comparu devant le tribunal pour corruption et risque une peine de dix ans de prison. Devant la cour, il a adopté le mode de défense déjà utilisé au cours de sa confession télévisée. L’argent donné par les industriels n’était pas destiné à obtenir une faveur de sa part. Par contre, il était utilisé à des dépenses en faveur de l’Etat et du peuple. De plus, selon l’ancien président, il s’agissait là d’une pratique en usage à la présidence depuis la troisième République de Corée, à l’époque du président Park Chong-hee.